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22/11/2015

Mauricio Macri devient le 56e Président de la Nation Argentine !

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Lors de ce second tour historique (il n'y en avait pas eu depuis plus de 30 ans!) entre les deux prétendants à la charge suprême, c'est Mauricio Macri, le "libéral", qui a finalement été élu ce dimanche 22 novembre avec 51,40 % des voix.

Il devance Daniel Scioli, (48,60 %), dauphin de la Présidente sortante, Cristina Fernández de Kirchner, et met ainsi fin à 12 ans de Kirchnérisme.

Les Argentins ont donc choisi le changement ("Cambiemos" : Changeons!) que leur promet Macri, mais aussi ouvert une porte vers un inconnu qui risque de n'être pas rose pour tout le monde.

Nul doute cependant que cette victoire de Macri est avant tout un vote "sanction", les électeurs choisissant l'alternance afin de mettre un terme au Kirchnérisme qui, malgré de nombreuses avancées sociétales, a été entachés ces dernières années d'une multitudes d'affaires (et d’égarements) en tout genre.

La passation de pouvoir aura lieu le 10 décembre prochain....

04/09/2015

Le Musée historique national

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Le Musée historique national, septembre 2015

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La première salle balaye rapidement plus de 2000 ans d'histoire...

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Une partie du musée est consacrée à la présence des jésuites et leurs diverses réalisations

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A gauche, tableau de l’École Cusqueña

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Le Musée historique national, septembre 2015

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Le Musée historique national se situe tout au bout de la Calle Defensa qui, après avoir traversé du nord au sud les quartiers de Monserrat et de San Telmo, fini sa course aux frontières de La Boca.

Ce musée, à la scénographie plutôt réussie, est consacré comme son nom l'indique à l'histoire du pays, bien qu'on y découvre surtout des objets en relation avec la Révolution de Mai et la guerre d'indépendance qui s'ensuivit.

Le musée d'origine ("Musée historique de la capitale") fut créé en 1889 et trouva place en divers endroits de Buenos Aires. D'abord Calle Esmeralda, puis Calle Moreno et enfin aux abords de l'actuel Jardin botanique.

Suite à de nombreux legs, les collections prirent vite de l'importance et finirent par largement dépasser, d'un point de vue symbolique, le simple cadre "municipal" initial ; le musée devint alors rapidement "national".

C'est à cette même époque (en 1894) que la ville de Buenos Aires racheta (à prix d'ami) le domaine de la famille Lezama (voir post précédent) dont le parc (après avoir été transformé par l'incontournable Charles Thays) devint public selon les vœux du vendeur. La luxueuse demeure allait quant à elle accueillir dès 1897 le Musée historique national.

Même s'il est évoqué dans quelques-unes des salles la période antérieure à 1810, les collections sont pourtant dans l'ensemble dédiées à d'illustres militaires de la période révolutionnaire à travers des armes, des tenues, des étendards, des tableaux, des meubles et bien d'autres souvenirs leur ayant bien souvent appartenu.

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Cornes à poudre, éperons et bolas (ces dernières, liens en cuir dont les extrémité sont garnies de cailloux sont encore utilisées par les gauchos pour immobiliser les bovins)

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Le Musée historique national, septembre 2015

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L'étui du sabre de San Martin

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Avant d’accéder au "sabre" de San Martin, le visiteur doit traverser cette pièce d'un esprit résolument solennel où sont exposés dans chacune des vitrines le sabre et le pistolet d'un célèbre général !

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Le clou du spectacle reste bien évidemment la découverte ultra scénarisée du sabre du Général San Martin, véritable trésor national au yeux des Argentins.

Ce sabre, volé au musée en 1963, après de nombreuses autres péripéties, coulait des jours heureux à Palermo au fond d'un coffre du Régiment des grenadiers à cheval (un bataillon justement formé par San Martin en 1812).

Dans un désir de rendre cette relique au peuple (et sans aucune arrière pensée politique bien entendu) la Présidente avait décidé de son retour au musée à l'occasion de la dernière célébration de la Révolution de son mandat.

Après une procession militaire et télévisuelle du plus bel effet le 27 mai dernier, le sabre traversait Buenos Aires du nord au sud avec un arrêt obligé au Mausolée de San Martin (qui se trouve dans la Cathédrale, Place de Mai), histoire que l'Archevêque Poli, successeur du Pape François, le bénisse copieusement.

Une fois arrivée au musée, c'est Cristina Kirchner en personne (tel Mitterrand et sa rose au Panthéon) qui s'est chargée de conduire et de placer la vénérée relique dans sa vitrine blindée, gardée depuis par deux grenadiers en habit. 

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Le sabre du Général San Martin

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Le vitrail au plafond de la salle, avec au centre... le Général San Martin !

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Le Musée historique national, septembre 2015

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30/08/2015

Le Parque Lezama

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Monument à Pedro de Mendoza, "premier" fondateur de Buenos Aires

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(Parque Lezama, août 2015)

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Ce samedi 29 août, il y avait une "manifestation" du mouvement social Tupac Amaru...

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La gloriette du parc Lezama

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On dû s'y reprendre à deux fois pour fonder la ville de Buenos Aires.

Le premier à s'y atteler fut Pedro de Mendoza, en 1536, probablement ici, aux abords de l'actuel "Parque Lezama", même si les historiens ne partagent pas tous cette hypothèse.

De toute façon, les indiens du coin ne voyant pas cette nouvelle petite colonie d'un si bon œil, Mendoza doit plier armes et bagages en 1541.

Ce n'est qu'en 1580 que Juan de Garay tente l'aventure à son tour, en implantant ses colons sur l'actuelle Plaza de Mayo, deux kilomètres plus au nord. La suite démontrera que cette colonisation était la bonne...

Au 19e siècle ce terrain, agrandi au fil du temps, tombe dans l'escarcelle d'un sieur Lezama, féru de botanique. En 1894, sa veuve cède la propriété à la ville de Buenos Aires avec pour exigence qu'il devienne un parc public. Il en sera donc ainsi et c'est dans la demeure des Lezama qu'est installé, dès 1894, le Musée historique national.

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En bas du parc, au milieu des étals colorés de la feria hebdomadaire, le monument à "l'entente cordiale argentino-uruguayenne" est plutôt en piteux état...

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(Parque Lezama, août 2015)

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Le Musée historique national, sans doute la seule raison qui vous poussera jusque par ici...

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Aux abords du parc, l’Église russe orthodoxe de Buenos aires, de style moscovite du 17e siècle...

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On doit cette église, inaugurée en 1901, au norvégien Alejandro Christophersen, architecte entre autre du Palacio Anchorena (actuel Palacio San Martin).

Il l'a toutefois "re-construite" à partir de plans russes, avec des fonds russes, et grâce à toute la "matière" provenant directement de Russie...

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Il serait dommage qu'a l'issue de votre visite au Musée historique national vous ne profitiez pas de l'occasion pour aller vous restaurer ou boire un verre, Calle Defensa, dans l’un des deux cafés notables du coin parmi les 72 que compte Buenos Aires : L'hipopótamo à gauche, ou le Británico à droite...

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(Parque Lezama, août 2015)

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Une petite douceur ?

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23/08/2015

Las Galerías Pacífico

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(Galerías Pacífico, août 2015)

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En 1888, des promoteurs décident de doter Buenos Aires d'un "grand magasin", à l'image de Paris qui a vu naître ce révolutionnaire concept au début des années 1860 avec la création du Bon Marché et du Printemps ; ces derniers inspireront Zola quand il écrira en 1883 son fameux Au Bonheur des Dames.

Les premiers bâtiments sont livrés dès 1894, mais le projet bat de l'aile. On abandonnera vite l'idée d'un "Bon Marché" argentin, et l'espace, qui finira par couvrir toute une "manzana", sera cédé par tranche. On y trouvera, en plus de divers commerces, l'hôtel Esplandor (toujours existant) ainsi que l'Académie et le Musée des Beaux Arts.

L'ensemble se nommera "Galeria Florida", du nom de la rue qui le borde à l'ouest.

Logo_BAP.svg.jpgEn 1908, une grande partie de la galerie, transformée en bureaux, est acheté par le BAP (Ferrocarril Buenos Aires al Pacifico), une entreprise britannique qui construit une ligne de chemin de fer reliant la capitale argentine à Mendoza, en passant par Santa Fé, Córdoba et San Luis.

De Mendoza, les voyageur peuvent, dès 1910, attraper le Transandino et traverser le continent d'est en ouest jusqu'à Valparaiso...

Cette voie, nationalisée en 1946, deviendra le Chemin de fer Général San Martin. (Depuis la privatisation du réseau ferré par Menem en 1992, le "rail" a fini par sombrer et il n'y a pratiquement plus aujourd'hui de train fonctionnant en Argentine...)

Mais revenons à 1946, date à laquelle les galeries, rebaptisée "Pacifico" sont largement remodelées ; l'occasion de faire appel à cinq artistes (quatre Argentins et un Espagnol) afin de réaliser les fresques qui ornent la coupole centrale.

En 1995, le Centro cultural Borges, d'une surface de 10 000m², vient prendre place au dernier étage de l'édifice qui abrite désormais, hormis l'Hôtel Esplandor, une myriade de boutiques plutôt (très) chics...

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(Galerías Pacífico, août 2015)

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Pour la petite histoire, c'est dans la "manzana" voisine (de l'autre côté de l'Avenida Córdoba) que sera construit en 1914 le Harrod's de Buenos Aires, unique petit frère du fameux grand magasin londonien. Hélas la crise économique de 1998 mènera à la fermeture du lieu qui, malgré un sursaut "culturel" entre 2003 et 2009 (il abritera quelques expositions et événements), garde encore aujourd’hui ses portes closes.

Ci-dessous on aperçoit, à gauche, une partie de la façade du Harrod's, et un peu plus loin les Galerías Pacífico, reconnaissables à leur stores rouge écarlate.

J'ai pris cette dernière photo il y a tout juste trois ans, date à laquelle, tout frais débarqué en Argentine, je logeais un bon mois Avenue Florida...

Photo qui nous ramène, soit dit en passant (et 300 articles plus tard), au premier post de ce blog :)

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29/07/2015

Un nouveau monument à la mémoire de Juana Azurduy

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Juana Azurduy Bernùdez de Padilla, Plaza Colón, juillet 2015

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Le 15 juillet dernier, la Présidente Kirchner, accompagnée d'Evo Morales, inaugurait dans les jardins de la Plaza Colón une nouvelle et imposante sculpture à la mémoire de Juana Azurduy Bernùdez. La présence du Chef d’état bolivien s'expliquait aisément : d'une part parce que Juana était Bolivienne et que, plus encore, c'est le gouvernement de Morales qui a offert ce monument à l'Argentine (on parle d'un coût d'un million de dollars!).

Cette inauguration est l'aboutissement d'une querelle juridique qui opposait depuis quelques années le Gouvernement de la Nation et celui de la ville de Buenos Aires. En effet, les jardins de la Plaza Colón, autrefois ouvert au public sont aujourd'hui "privatisé" par la présidence pour des raisons de sécurité. Ils appartiennent toutefois toujours à la "ville". (pour ceux qui ne le sauraient pas encore, l'Argentine est une républiques fédérale de 23 provinces ; la ville de Buenos Aires est l'une de ces provinces).

Cristina, faisant fi du droit (ce pour quoi elle a maintenant un peu d'expérience) avait dès 2012 unilatéralement décidé de la venue de sa nouvelle protégée, Juana, mais surtout décrété le démontage (en juin 2013) de celle de Christophe Colomb qui se dressait là depuis 1921, et qui avait été offerte par un riche immigré italien.

S'étant mis à dos la ville et accessoirement la communauté italienne, elle a pourtant fini par emporter le morceau. Seule la destination de la statue répudiée a entre temps changé : de La Plata, ou elle devait être à l'origine remontée, il semble que sa nouvelle adresse sera à présent quelque part sur la Costanera Sur, pas loin de l'aéroport Jorge Newberry de Buenos Aires, si tant est qu'elle soit remontée...

Tout cette histoire concourt de la volonté de la Présidence de réécrire une nouvelle histoire en éloignant "physiquement" de la Casa Rosada un symbole trop évident d'une colonisation "sanglante" et dominée par l'Europe, afin d'y préfèrer une figure sans conteste plus "patriotique", et de plus à "moitié indigène" !

Quoi que l'on puisse penser de cette affaire à laquelle la téméraire Azurduy n'a vraiment rien à voir, il est clair que ce personnage historique retrouve enfin à cette occasion une place de choix dans l'Histoire de la libération des pays du cône sud, soumis à la mainmise de la couronne espagnole pendant plus de 300 ans.

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Ce Monument à Colón , qui trônait depuis sur cette place depuis 90 ans était plutôt réussi. Il avait fallut pas moins de dix ans de travail aux ouvriers pour remonter les 623 tonnes de marbre de Carrare qui avait été préalablement assemblés en Italie et apportés jusqu'ici. La statue du navigateur génois se dressait à 26 mètres au-dessus du sol, posée sur un obélisque tronqué réalisé dans un seul bloc!

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La légende raconte que Simon Bolivar aurait dit un jour à Juana que son pays ne devrait pas s'appeler Bolivia (nommé d'après son nom), mais plutôt Padilla ou Azurduy, car ce sont eux qui l'avaient libéré.

Élevée à la campagne et un brin rebelle, Juana (né à Sucre d'un père espagnol et d'une mère indienne) devient orpheline à l'âge de 7 ans. Une tante l'envoie dans un monastère pour la remettre sur le droit chemin, en vain. A 18 ans, elle retrouve la liberté et les grands espaces, apprend le quechua et l'aymara et prend fait et cause pour les indiens ; c'est également l'époque où elle rencontre Manuel Padilla, avec qui elle se marie en 1805. Ce dernier fait déjà partie de ses groupuscules qui, influencés par la Révolution française, planifie la révolution de ce côté-ci de l'Atlantique.

S'ensuivirent des années de guerre où Juana et ses quatre enfants suivront Manuel sur les champs de bataille. Elle combattra, arme au poing, aux côtés de Guëmes et du Général Belgrano. Durant ces longues années de combat, elle perdra tous ces enfants ainsi que son mari. En 1816, elle est élevé au grade de Lieutenant Colonel...

La suite est moins glorieuse. La pension que Bolivar lui avait octroyée lui est retirée, et les terres des Padilla restent toujours confisquées. Elle meurt indigente en 1862, à l'âge de 82 ans, et sera enseveli dans une fosse commune. 

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On peut facilement concevoir les raisons politique qui ont destitué Colón de sa colonne pour faire place à une patriote des guerres de libération, mais je trouve personnellement qu'on a poussé un peu loin le bouchon en plaçant Juana, sabre au clair, face à la Casa Rosada.

Même si je comprend (un peu) le souhait de la Présidente (et/ou de l'artiste ?) de vouloir "que Juana fasse face aux dirigeants du pays (qui la regarde par la fenêtre?) au moment où ils décident des destinées de la Nation", elle aurait été, à mon avis plus à son avantage tournée vers la mer : en effet, comme le parc où elle est installée n'est pas ouvert au public, on ne voit Juana que de loin et de plus (assez mal) de profit.

Quant à la vision de l'arrière du monument (celle donc que verra surtout le public), cela donne plutôt un "pâté" difficilement déchiffrable et plutôt inintéressant.

Enfin, sans jouer les "vieux cons", Le monument à Colón, d'une grande élégance, mettait en valeur la façade arrière de la Casa Rosada, alors que le le nouveau groupe en bronze et son piédestal massif l'écrase à présent totalement....

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On doit cette sculpture, qui pèse 25 tonnes, au porteño Andrès Zerneri.

24/07/2015

El Museo del Bicentenario

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Musée du Bicentenaire, juillet 2015

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Peinture allégorique de la révolution...

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Portrait officiel d'Eva et Juan Perón, 1948

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Un restaurant...

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Le Musée du Bicentenaire à été inauguré le 24 mai 2011, soit un an après les festivités du bicentenaire commémorant la révolution de Mai 1810. Il se trouve juste derrière la Casa Rosada.

Le Musée n'est pas en soi incontournable, mais c'est surtout sa location qui revêt un intérêt historique particulier. Ses salles prennent en effet place au cœur des vestiges de la Aduana Taylor que vous avez pus découvrir dans le post précédant ; vu que ce musée est d'accès facile (et gratuit), ce serait dommage de ne pas y faire un saut à l'occasion d'une visite Plaza de Mayo.

Le musée se structure autour d'un immense hall plutôt vide (l'ancienne "cour des Manoeuvres" de l'Aduana Taylor) bordé par une quinzaine d'arches (dotée chacune d'une vidéo - voir ici- et de quelques vitrines) sous lesquelles sont développées des périodes de l'histoire argentine.

La présentation, assez didactique, glisse legerement sur la fin (on pouvait s'y attendre!) vers une idéalisation des années Kirchner : on est jamais mieux servi que par soi-même....

Cette histoire "argentine", vieille donc de seulement deux cent ans est "compartimentée" comme suit :

  • La Révolution (1810 - 1829)
  • L'Anarchie ; Rosas : le restaurateur des lois (1929 - 1961)
  • Organisation de l’État (1961 - 1890)
  • La grande immigration, l'ordre conservateur (1890 - 1916)
  • Le suffrage populaire, le radicalisme et les luttes sociales (1916 - 1930)
  • De la "décade infâme" à l'ascension de Perón (1930 - 1945)
  • Le Péronisme (1945 - 1955)
  • La révolution "Libertadora" (1955 - 1968)
  • La résistance péroniste. Organisation politique et sociale (1968 - 1973)
  • D'un gouvernement populaire au coup d'état (1973 - 1976)
  • La dictature militaire (1976 - 1983)
  • Le rétablissement démocratique et ses limites (1983 - 1989)
  • Le néolibéralisme (1989 - 2002)
  • Le rétablissement politique, économique et social (2003 - 2010)

Les petit films qui passent en boucle sous les arcades méritent qu'on s'y arrête (si on comprend l'espagnol). Les vitrines en revanche ne sont pas très "chargées", et c'est donc l'occasion rêvée de découvrir un musée dans sa totalité !

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Ce splendide écusson (aux armes des Bourbons d'Espagne, des maisons de Castille, León et Grenade, bordée de la Toison d'or) est resté en place au-dessus de l'entrée principale du Fort originel jusqu'en 1816.

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On a placé ce canon à l'endroit exact où il se trouvait sur les remparts du 17e siècle.

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Quelques maillons de la fameuse chaîne de la "Bataille de la Vuelta de Obligado" (que l'on retrouve sur le billet de 20 pesos), qui eut lieu en 1845.

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On trouve dans les premières vitrines des canes et pipes et autres objets personnels ayant appartenu aux Chefs d’État successifs...

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On trouve aussi de très nombreuses écharpes bicolores, attribut officiel des Présidents de la Nation : Alvéar, Mitre, Alcorta, Quintana, Puyredón, Pellegrini et autre Sáenz-Peña...

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La répression militaire est explicitée d'une façon laconique...

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... tout comme la résistance à la dictature qui l'est d'une façon tout aussi laconique avec ce "panuelo" d'une mère de la Place de Mai !

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Où l'on prend vraiment les visiteurs (les Argentins, quoi !) pour des chèvres, c'est dans les dernières vitrines : les présidents libéraux (précédent le Kirchnérisme) y sont "symbolisés" par des smokings, Rolex et stylo en or...

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 ...alors que l'humble et modeste Nestor Kirchner (le défunt mari de l'actuelle présidente) n'est représenté que par un sobre costume sombre et, comble de la simplicité, par ce fameux Bic noir dont on nous affirme qu'il ne se séparait jamais...

Populisme, quand tu nous tient...

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La dernière vitrine est bien évidemment pour Cristina Fernández de Kirchner, Présidente de la Nation depuis 2007 et jusqu'en octobre prochain, date de la prochaine élection présidentielle...

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Musée du Bicentenaire, juillet 2015

18/07/2015

La Plaza de Mayo et le Fort de Buenos Aires, de 1700 à 1900

En préambule au prochain post où il sera question du "Musée du Bicentenaire", je vous propose un petit montage réalisé à partir de "captures d'écran" d'un film qui est justement proposé en boucle dans le dit musée.

Cette vidéo interactive raconte l'évolution des alentours de la Place de Mai, où le Fort d'origine laisse place au fil des siècles à l'actuelle Casa Rosada, siège du Gouvernement.

On comprend mieux ainsi comment le bâtiment des Douanes (Aduana Nueva ou Aduana de Taylor) construit en 1855 a presque aussitôt disparu (en 1895), après seulement une quarantaine d'années de service !

Le Musée du Bicentenaire prend aujourd'hui place au cœur d'une partie des ruines réhabilitées de cette fameuse douane....

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Le Rio de la Plata, Le Fort (qui date de 1595) et la Place de Mai

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A l'intérieur du Musée, on a replacé deux canons à l'endroit même où ils se trouvaient sur le fortin d'origine !

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L'actuelle Casa Rosada s'inscrit parfiatement dans ce qu'était les limites du fort originel !

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Année charnière : on trouve encore la porte d'entrée du fort, ultime vestige, et, derrière la "Casa de Gobierno", la toute nouvelle Douane....

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Le Musée du Bicentenaire prend en partie place dans la cour dite "des maneuvres", entre l'ancien bâtiment semi-circulaire des douanes et l'actuelle Casa Rosada.

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En 1855, la douane semi-circulaire de Taylor était le premier bâtiment de Buenos Aires gagné sur le Rio. On voit sur ce montage que cette avancée sur le fleuve n'a pas cessé depuis, avec Puerto Madero et la "Réseve écologique", repoussant les berges du Rio à plus de deux kilomètres à l'est du Fort originel.

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En 1895, les Douanes de Taylor sont détruites...

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05/05/2015

Les Mères (et les Grands-Mères) de la Place de Mai

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(Plaza de Mayo, avril 2015)

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La "Pirámide de Mayo" originelle, qui fut le premier monument patriotique érigé à Buenos Aires (en mai 1811, un an après la Révolution), a largement été remaniée en 1852.

Elle perdit les quatre sculptures allégoriques trônant à sa base (ces dernières : la Géographie, l'Astronomie, la Mécanique et la Navigation se trouvent aujourd'hui à une centaine de mètres de là, au coin des rues Alsina et Defensa), et fut coiffée d'une sculpture de la Liberté (reconnaissable à son bonnet phrygien) du français Joseph Dubourdieu, celui-là même qui réalisa le fronton de la Cathédrale toute proche. 

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 En 1912, on déplaça l'obélisque d'une soixantaine de mètres afin de le placer exactement au milieu de la place...

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Entre l'obélisque et la Casa Rosada, les barrières anti-émeutes, fixées au sol, sont dressées en permanence afin de protéger la Présidence des très nombreuses manifestations qui se déroulent sur la place.

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Des vétérans de la Guerre des Malouines campent depuis maintenant sept ans dans un coin de la place afin d'être officiellement reconnu par le gouvernement...

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Les "Mères de la Place de Mai" arrivent à bord d'un minibus de leur association...

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Le 30 avril 1977, soit un an après le coup d'état (le 6e en moins de 50 ans!) du Général Videla qui renverse le gouvernement d'Isabel Perón, des mères de familles viennent manifester Place de Mai : demandant à rencontrer le chef de la junte militaire, elles se voient sommées par la police de "circuler".

C'est ce qu'elles ont fait ce jour là, en tournant autour de l'obélisque, et c'est ce qu'elles font encore aujourd’hui, 38 ans plus tard, tous les jeudi !

Je ne reviendrais pas sur les atrocités qui marquèrent les années de la triste dictature militaire qui dirigea le pays de 1976 à 1983, les chiffres parlant d'eux-mêmes : 15 000 fusillés, 30 000 disparus, 1,5 millions d'exilés ; rafles, centres de détention, tortures, sans compter les plus de 500 bébés enlevés à leurs parents assassinés et remis sous de faux noms à des familles proche du pouvoir...

Beaucoup de ces disparus (dont seulement 11 000 sont aujourd'hui reconnus par les autorités) furent jetés, mort ou inconscient, depuis des avions dans le Rio de la Plata ; les fameux "vols de la mort". Les autres finirent dans des fosses communes.

Pour ajouter à ce tableau déjà très noir, il faut se souvenir que les pays alentours (le Chili, la Bolivie, l'Uruguay, le Paraguay et le Brésil), qui étaient également des dictatures, jouèrent le jeu du régime argentin (l'Opération Condor) et trucidèrent de nombreux opposants qui cherchaient à fuir hors du pays.

On pourrait aussi parler de ces commandos qui furent envoyés jusqu'en Europe pour achever la triste besogne, ou encore du silence assourdissant de nombreux pays pourtant très au fait de la situation, à commencer par les États-Unis...

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Mais revenons à nos "Mères" qui exigent encore aujourd'hui de connaître toute la vérité sur le sort qui fut réservé à leurs enfants et qui continuent inlassablement à tourner autour de l'obélisque, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, comme pour remonter le temps...

En 1986, le mouvement se scinda en deux, avec d'un côté les "Mères de la Place de Mai, ligne fondatrice", et de l'autre "l'Association des Mères de la Place de Mai".

Les premières, pour faire court, refusent les prises de paroles sur la place, acceptent l'idée de dédommagement financier, sont en faveur de l’exhumation des corps et de l'identification des victimes. Elle souhaitent enfin que seules les "mères" de Buenos Aires participent à leur mouvement.

Les secondes (pour faire tout aussi court), bien que sans parti, sont nettement plus politisées. Elles refusent quelque réparation économique que ce soit, pas plus qu'elles ne veulent de monuments aux morts, de musée aux morts ni d''exhumation des corps qui ferait abstraction de l'engagement politique et révolutionnaire de leurs enfants. Elles sont enfin solidaires de toutes les victimes des dictatures à travers le Monde.

Quoiqu’il en soit, cela fait maintenant 38 ans que ces deux groupes tournent autour de l'obélisque, le même jour, sans se mêler n'y même se jeter un regard !

Depuis 2006, les marches sont devenues nettement plus pacifiques, les mères (toutes obédiences confondues) reconnaissant à Nestór Kirchner (le défunt mari de Cristina) d'avoir sincèrement œuvré dans le bon sens au cours de sa présidence...

Pour être complet, citons enfin une autre ONG, fondée dés 1977, "Les Grand-mères de la Place de Mai", qui a mis en place depuis les années 80 un vaste programme de banque de données génétiques afin de permettre à des enfants de disparus de retrouver leur famille biologique.

Sa fondatrice, Estela de Carlotto a d'ailleurs retrouvé son petit-fils l'an dernier, après 36 ans de recherche...

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Les"Mères de la Place de Mai, ligne fondatrice" formait un groupe assez réduit ce jeudi 23 avril...

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(Plaza de Mayo, avril 2015)

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"L'Association des Mères de la Place de Mai" avait semble t-il à sa disposition plus de moyens : minibus, sono, tente avec vente de livres et de produits dérivés, mais également plus de "supporters". Elles étaient une dizaine de "Méres" présentes ce jour-là.

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A l'origine, les foulards des Mères de la Place de Mai étaient des langes de bébés...

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Ces "Mères de la Place de Mai", dont certaines sont maintenant très âgées, n’ont fait que deux tours...

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(Plaza de Mayo, avril 2015)

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... avant d'aller s'assoir et écouter l'orateur annoncer le programme du jeudi suivant, jour du 38e anniversaire de la première marche.

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Pendant ce temps, l'autre association continuait de tourner, dans l'indifférence presque générale...

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15/04/2015

Le Musée d'Art Espagnol Enrique Laretta

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(Musée Laretta, avril 2015)

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La facade du musée, au 2291 Juramento

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Le salon principal de la maison...

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Détail du dessus de la cheminée

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A l'occasion de ma petite virée avec le bus touristique "jaune" (voir ICI et LA), j'avais programmé un seul arrêt : le Musée d'Art Espagnol Enrique Laretta à Belgrano. Il faut dire qu'à 10 pesos l'entrée (environ 1 euro), je ne prenais aucun risque inconsidéré !

Enrique Laretta, écrivain et diplomate (il fut ambassadeur à Paris entre 1910 et 1919), s'était marié en 1903 à Josefina Anchorena, issue d'une des familles les plus riches et en vue de Buenos Aires (le splendide Palacio San Martin, qui se trouve sur la place éponyme, fut d'ailleurs commandité par sa mère, Mercedes Castellanos de Anchorena).

Construit en 1886 pour Francisco Chas (un neveu du Général Belgrano), l'actuel musée n'était au départ qu'une agréable maison de campagne. Mercedes Anchorena l'acquit dix ans plus tard avant de l’offrir en 1916 au jeune couple en cadeau de mariage . La maison et les jardins furent alors remaniés jusqu'à occupé la totalité de la manzana (le pâté de maison), soit un rectangle de 120m sur 100m.

L'architecte en charge du projet n'était autre que Martin Noël, à qui l'on doit également la maison d'Isaac Fernandez Blanco, à Retiro, l'autre musée d'Art hispano-américain de Buenos Aires...

Quatre générations vécurent ici jusqu'à la mort d'Enrique Laretta en 1961 ; il avait alors 86 ans...

Il avait constitué durant toutes ces années une impressionnante collection d’œuvres d'art des 16e et 17e siècle qui fut léguée à la ville (tout comme la maison) par ses enfants.

En 1962, le musée ouvrait ses portes...

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(Museo de Arte Español Enrique Laretta, avril 2015)

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Ce sont certainement les œuvres religieuses en bois polychrome (retables, autels et autre triptyque) qui sont les plus remarquables.

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Le jardin, de style andalou, quadrillé par des allées de buis, offre une grande variété d'essences : ginkgos, glycines et autres palmiers...

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(Museo de Arte Español Enrique Laretta, avril 2015)

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23/03/2015

El Parque de la Memoria

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"Penser est un acte révolutionnaire"

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(Parque de La Memoria, mars 2015)

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El Parque de la Memoria (Parc de la Mémoire) à été inauguré en 2001 ; il se trouve à quelques centaines de mètres au nord de l'aéroport national Aeroparque Jorge Newbery .

Ce mémorial est un hommage aux milliers de victimes de la dictature militaire qui sévit en argentine entre les années 1976 et 1983.

On y trouve écrit tout au long de murs qui n'en finissent pas la triste liste de 10 700 noms de victimes ; des personnes assassinées. détenues, ou encore à ce jour disparues...

Ce parc mémoriel, en bordure du Rio de la Plata, accueille également un grand nombre de sculptures contemporaines...

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Un adducteur de la fin du 19e qui transportait l'eau du Rio jusqu'à la ville de Buenos aires...

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(Parque de La Memoria, mars 2015)

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La liste des victimes de la dictature...

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En arrière plan, la faculté d'architecture de Buenos Aires

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(Parque de La Memoria, mars 2015)

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24/11/2014

Les fériés argentins : aujourd'hui , le Jour de la Souveraineté Nationale

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Monument commémoratif de la Bataille de "la Vuelta de Obligado",
sur la rive ouest du Paraná, à environ 180 km au nord de Buenos Aires.

 

Ce lundi est le 15e jour férié de l'année..., et il en aura encore trois autres a venir d'ici le nouvel an !

Cela pourrait paraître un peu indécent vu de l'extérieur, mais quand on sait que les Argentins n'ont droit, pour la plupart d'entre eux, qu'à 14 jours de congés payés par an, cela semble beaucoup plus raisonnable.

Les nouveaux jours fériés ajoutés au calendrier chaque année sont "amovibles" et donc accolés au week-end le plus proche pour former un pont que les autorités dénomme judicieusement "puentes turisticos" (les ponts touristiques).

Cette année deux jours fériés sans aucune référence sociale ou historique, ont d'ailleurs été adopté par décret. Il s'agit de 2 vendredis, qui ajoutés aux fériés "inamovibles" vont offrir à chaque Argentin deux long week-end de quatre jours.

Tout cela est bien entendu organisé pour que les travailleurs, en tout cas ceux qui le peuvent, se transforment en touristes et partent découvrir le pays en dépensant leur pesos (ce qui serait absolument inconcevable en seulement deux jours vu la taille du territoire !).

Mais ces ponts ne sont pas toujours qu'une partie de plaisir : le parc hôtelier et les routes sont pris d'assaut et le coût des billet (avion et autre) s'envole, c'est le cas de le dire...

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Le billet de 20 pesos argentin, à l’effigie du Général Rosas,
commémore la bataille de la "Vuelta de Obligado"

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Le Jour de la Souveraineté Nationale commémore paradoxalement une défaite militaire survenue le 20 novembre 1845 et connue sous le nom de "Vuelta de Obligado"

Les Français et les Anglais, pour une fois unis, désiraient impunément circuler sur les Rios de la Plata, Uruguay et Paraná sans avoir a reconnaître la souveraineté de l'Argentine.

Le (très) controversé Général Rosa, gouverneur de Buenos Aires, avait donc fait installer sur un bras du Paraná 20 chaloupes reliées par trois lourdes chaînes afin de bloquer littéralement le passage. Ce barrage était défendu par 5 batteries de canon, un navire et quelques 2 000 hommes armés.

La coalition franco-anglaise, forte de 11 navires (dont certains à vapeur et en métal) était largement mieux équipée et surtout mieux armée : elle lamina le front argentin en une petite journée.

Cependant, l'incroyable détermination des Argentins et leur vaillance au combat impressionnèrent les européens qui finirent, après quand même quatre années de blocus, par signer deux traités (les Anglais en 1849 et les Français en 1850) reconnaissant une fois pour toute la totale souveraineté de l'Argentine sur ses fleuves.

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La station de métro parisienne Obligado au début du siècle dernier.

Depuis 2011 elle est doté d'un nouvel habillage tout entier dédié à l'Argentine (ici l'église de l'Estancia Santa Catalina qui se trouve à 200 km au sud de Cordóba)

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Pour la petite histoire, le métro parisien ouvrait en septembre 1900, sur la ligne 1, la station "Obligado". Cette dernière portait tout simplement le nom de la rue voisine qui célébrait la victoire franco-anglaise. 

Suite à une visite d'Evita en 1947, la rue et la station changèrent de nom pour devenir "Argentine". C'était une façon de faire table rase du passé mais surtout de remercier les Argentins de l'aide généreuse apportée après-guerre dans la reconstruction et la reconstitutions des stocks de nourriture.

(NB : toutes les photos sont du Net)

15/09/2014

Rio, l'unique capitale européenne hors d'Europe (de 1808 à 1821)

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(Le Palais Impérial, Rio de Janeiro, septembre 2014)

 

Rio de Janeiro à de particulier qu'elle fut la seule et unique capitale européenne... hors d'Europe.

En effet, chassée par les troupes napoléoniennes en 1807, la cour se réfugie dès 1808 à Rio de Janeiro et fait de cette ville la nouvelle capitale du "Royaume uni de Portugal, du Brésil et des Algarves". Elle le restera jusqu'en 1821, soit bien après la chute de Napoléon en 1815 .

En 1821, face aux crises qui secouent le Portugal, le Roi Jean VI est contraint de retourner en Europe. Il laisse alors les clés du Brésil au Prince régent, son fils Pierre.

Ce dernier, devant la montée des mouvements révolutionnaires et la menace des troupes coloniales, doit choisir entre la loyauté à son père et les intérêts du Brésil : il opte pour l'indépendance.

Pierre Ier devient en 1822 le premier empereur du Brésil...

14/09/2014

Rio (Henriville), capitale de la France Antarctique

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Bon, je l'admet, le titre de ce post est provocateur et un brin réducteur !

Mais si la France Antarctique n'avait pas été un échec, Rio de Janeiro s'appellerait peut-être aujourd'hui Henriville, et on parlerait français dans tout le Brésil !

***

La Baie de Guanabara, bien que découverte en 1502 par des marins Portugais, était avant tout un territoire contrôlé par les indiens Tamoyos, faisant parti d'un ensemble plus vaste de tribus Tupi (ou Tupinambas).

Ces derniers étaient loin d'êtres des anges (guerriers hors pair mais aussi cannibales à leurs heures) et les Portugais se contentèrent longtemps de seulement longer les côtes et d'y faire un peu de commerce.

Ce début de 16e siècle est pour le moins tourmenté : les Espagnols et les Portugais, qui possèdent les flottes les plus puissantes, se sont partagés unilatéralement le Nouveau Monde en 1494 (le fameux traité de Tordesillas!), et avec la bénédiction du Pape !

Les Français, Les Anglais ou bien encore les Hollandais se voient alors refuser tout droit sur ces nouvelles terres !

François Ier, qui ne digère pas les termes de ce traité, envoie dès 1523 plusieurs expéditions sur les côtes brésiliennes. En 1555, avec l'appui d'Henri II (et de sa favorite, Diane de Poitier), le vice-amiral de Villagagnon quitte la France pour aller fonder la France Antarctique. Il choisit la baie de Guanabara et y construit le Fort Coligny (sur une île qui abrite désormais l’École Navale et qui jouxte l’aéroport national Santos Dumont, construit sur des terres gagnées sur la mer).

Puis Villagagnon s’attelle, dès 1556, à l'installation de sa petite colonie, forte d'environ 600 Français, sur la terre ferme, aux alentours de l'actuelle Plage de Flamengo.

Il la baptise alors "Henriville", nom quelle portera quelques années avant de devenir... Rio de Janeiro!

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La plage de Flamengo, aux abords de laquelle fut fondée Henriville. A moins de 2km de là, à droite de l'aéroport Santos Dumont, on trouve la petite île de Villagagnon ou avait été édifié le Fort Coligny.

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Si les Français semblent mieux s'y prendre avec les populations indigènes que ne le faisaient les Portugais, c'est la religion qui, une fois de plus, va apporté son gros grain de sable : Villagagnon accepte en effet sans rechigner la venue de nouveaux colons d'obédience calviniste. Il ne sait pas encore que ceux-ci cherchent en fait de nouvelles terres pour y installer les protestants en exil.

Villagagnon ne désire pas rompre avec le catholicisme et la situation dégénère vite entre les deux obédiences. Ce sont là parmi les prémices des guerres de religions qui vont déchirées la France (et l'Europe) pendant près de 40 ans !

En moins de quatre ans, la toute jeune colonie s’effondre avant d'être finalement anéanti en 1560 par la marine portugaise.

C'en est définitivement terminé des rêves d'une France Antarctique...

Cette conquête "manquée" est la trame du fameux roman Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin, prix Goncourt en 2001.

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Afin de mieux comprendre les quelques posts qui suivront, voici une carte de la ville indiquant les principales "attractions" de Rio :

En bleu, de gauche à droite : Le Pain de Sucre, Le Centro et Lapa (la vieille ville en quelque sorte), Le Corcovado (et la statue du Christ Rédempteur), le stade Maracanã, le Jardin Botanique et la Forêt de Tijuca.

En rouge, les quartiers plus "modernes", dont chacun donne son nom à la plage qui le borde (dont les deux plus fameuses sont Copacabana et Ipanema).

09/01/2014

La Manzana de las Luces

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La façade "gothique allemand" de l'église San Ignacio

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L'emplacement de la "Manzana de las Luces" sur un plan de 1746. Il y est inscrit : "Maison des Jésuites"

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Plan de situation aujourd'hui

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La rue Adolfo Alsina et l'église San Ignacio. Ci dessous, le monument au Président Roca.

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La "manzana" (ou "cuadra") désigne, dans la plupart des pays hispanophones, le pâté de maison régulier qui forme avec d'autres un plan de cité en damier.

Ce mode d'urbanisme, que l'on retrouve dans de nombreux pays et sur tout les continents fut systématiquement employé par les colonisateurs espagnol dès le 16ème siècle.

Le "cuadra" qui nous intéresse aujourd'hui, la fameuse "Manzana de las Luces" (l'îlot des Lumières) fut pendant plus de deux siècles le siège des pouvoirs politiques et intellectuels de la province de Buenos Aires, puis du pays, l'Argentine, qui était en train de naître. il se situe à moins de 200 mètres du Cabildo, de la Plaza Mayo et de la Casa Rosada.

A la fin du 18ème siècle, on trouvait concentré dans ce carré de 120m² de côté pas moins que : La Salle des Représentants, La Bibliothèque Nationale, les Archives générales, l'Université de Buenos Aires, les Académies des langues française et anglaise, la Banque de la province, la Chambre de Commerce, le Tribunal des comptes, le journal "La Presse", l'Académie de Dessin, etc, etc..., sans oublier bien sûr l'église San Ignacio.

Les Jésuites furent, une fois encore, des précurseurs à Buenos Aires. Arrivés à Lima en 1568, ils essaimèrent très vite sur tout le continent, s'installant sur les rives du Rio de la Plata dès 1608. C'est en 1661 qu'ils commencent à organiser cette manzana, autour bien sûr d'une église et d'un collège.

D'abord conçue en adobe, comme tous les autres bâtiments de la ville, l'église de San Ignacio sera, en 1686, le premier édifice de Buenos Aires construit presque entièrement en briques cuites ! C'est aujourd'hui l'église la plus ancienne de la capitale

La Compagnie de Jésus subit la disgrâce, avant d'être chassée, entre 1759 et 1767, de France, d'Espagne, du Portugal et toutes leurs colonies. La jeune Vice-royauté du Rio de la PLata prendra alors  la suite des Jésuites et continuera à développer cette manzana qui ne prendra le nom "des lumières" qu'au début du 19ème siècle.

Malgré ce riche passé, la courte visite n'est pourtant pas bien folichonne. On découvre d'abord la Salle des Représentants (reconstituée), puis la cour principale. Ce qui doit être le clou du spectacle : d'antiques souterrains reliant au 18ème la manzana au Fort et au Cabildo, s'avère encore plus décevante, puisqu'on en découvre à peine qu'une dizaine de métres !

Pour les plus curieux, un second guide vous emmène, pour le même prix, visiter l’église de San Ignacio...

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La Salle des Représentants

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(Buenos Aires, janvier 2014)

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Derrière l'église (en blanc) quelques vestiges de constructions en briques cuites.

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(Buenos Aires, janvier 2014)

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Les petits bouts de souterrains qu'on aperçoit seulement à travers les grilles...

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L'église San Ignacio

13/08/2013

La Casa Rosada, Palais de la Présidence

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(Août 2013)

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(Août 2013)

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La salle-à-manger...et son plafond très travaillé !

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Côté mobilier, mis à part de rares pièces intéressantes, rien de bien folichon !

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Les parties du Palais réservées au travail, sont aménagées de façon plus moderne.

Dans tous les couloirs des dizaines de photos à la gloire des célébrités argentines de ces cent dernières années, de Gardel, à Fangio ou Barenboim (photo ci-dessus), en passant par Messi ou Mafalda !

On trouve également de nombreuses oeuvres contemporaines, réalisées (bien entendu !) par des artistes argentins !

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La salle de conférence de presse est dédiée aux femmes argentines qui ont compté dans l'histoire du pays, à commencer par Evita Peron, dont la Présidente "utilise" bien volontier l'image encore aujourd'hui très populaire... 

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Toujours des oeuvres contemporaines et, plus incongru, une robe d'Evita !

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Je vous avais déjà parlé, il y a de cela déjà presque un an maintenant (ICI), de la Casa Rosada, siège du Gouvernement argentin. Je me suis décidé ce WE, l'hiver étant propice, à en visiter l'intérieur...

Le bâtiment se situe à l'exact emplacement du premier édifice d'importance construit à Buenos Aires (en 1594) : la Forteresse Royale.

Le Fort était comme il se doit défendu par un pont-levis, qui ne sera définitivement supprimé que dans les années 1820 ! Ce dernier donnait sur la présente Place de Mai...

Trois siècles seront nécessaires pour effacer toute trace du fort d'origine et nous offrir l'actuelle vision d'une facade pour le moins asymétrique. La raison en est fort simple : On avait construit sur l'un des terrains de l'ex-Fort un Palais des Postes, qui fini par faire de l'ombre, par sa qualité, à celui réservé au Gouvernement.

Dans un premier temps (vers les années 1880), le Président Roca entreprit des travaux afin d'embélir "son" Palais afin qu'il soit à la "hauteur" du voisin. En 1994, sous l'impulsion du Président Sáez Peña, les deux bâtiments furent définitivement réunis par un énième ajout !

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La Casa Rosada "nouvelle version" fut inaugurée en 1898...

Cette histoire, pour le moins mouvementée, explique en partie l'hétérogénéité des salons, des escaliers et des patios qui composent l'édifice.

Nous ne sommes bien sûr pas ici dans le faste et le luxe des palais de la République Française, hérités des 17, 18 et 19ème siècles, et l'ensemble, assez hétéroclite reste, somme toute, assez modeste.

Pour ce qui est de la couleur "rosada" : le bâtiment en est "revêtu" depuis les années 1870...

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Le bureau présidentiel (photo du Net puisqu'il est interdit de le photographier)

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Un des nombreux autres salons....

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Depuis les balcons, on découvre la Place de Mai, son Cabildo et l'obélisque célébrant la Révolution de Mai 1810.

Au premier plan, une statue équestre du Général Belgrano, créateur du drapeau argentin.

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"El Salón Blanco", la pièce la plus importante du Palais, est réservé aux cérémonies les plus prestigieuses.

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Ce salon met à l'honneur des peintres argentins du 19ème et du début du 20ème siècle.

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(Août 2013)

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Il faut souligner enfin la grande facilité qu'il y a à visiter, tout au long de l'année (le WE), la Casa Rosada. La majeure partie des salons est généralement accessible au public en fonction bien sûr du calendrier présidentiel.

J'ai par exemple pu, samedi dernier, visiter le bureau du Chef de l'Etat, Cristina Kirchner, même si c'est la seule pièce où les photos restent interdites...

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Au rez-de-chaussée, le Hall d'Honneur accueille la Galerie des Bustes où, comme son nom l'indique, on peut admirer les bustes, donc, de tous les Chefs d'Etat "démocratiques" (!) qui ce sont succédé à la tête de l'Argentine (exit donc Menem, De la Rúa et autre Duhalde).

Ci-dessous, celui de Perón...

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La garde, en habit, est présente un peu partout pour assurer la sécurité

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Le porche principal

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(Août 2013)

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25/07/2013

Le Palais des Eaux courantes, sous un ciel d'hiver...

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(Buenos Aires, Juillet 2013)

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Sur les façades aux fenêtres aveugles, brillent de nombreux motifs en céramique vitrifiée, commes les contours des fenêtres ou bien les blasons des différentes provinces argentines...

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Les posts se font à présent un peu plus rares. Saison basse...

C'est l'hiver à Buenos Aires, et le thermomètre n'hésite plus à descendre (la nuit) en dessous des cinq degrés !

C'est l'occasion rêvée de douillettement recevoir à la maison, ou bien de parcourir de nombreuses et passionnantes expositions.

On prend aussi parfois un peu l'air comme pour, par exemple, découvrir ce monument emblématique de la ville : le Palais des eaux courantes.

Il doit son nom à l'usage qui lui fût à l'origine affecté : cette construction de style "éclectique", bâtie entre 1887 et 1894, n'est en effet rien de moins qu'une immense citerne qui alimentait en eau la capitale dès la fin du 19ème siècle.

Dans ce quadrilatère d'environ 100 mètres de côté et plus de 20 mètres de hauteur (avec des murs de près de 2 mètres d'épaisseur) était stocké  jusqu'à 72 000 m3 d'eau, soit l'équivalent d'environ 30 piscines olympiques.

Une gageure technique pour l'époque !

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Le blason (ou bien l'écu) officiel de la république argentine date de 1813 (ci-dessus)

Il reprend les codes d'un modèle Jacobin de l'époque de la Révolution Française, avec pique et bonnet phrygien (ci-dessous)

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(Buenos Aires, Juillet 2013)

16/03/2013

Les Malouines, Las Malvinas et les Falklands

Suivant l'origine des cartes que vous aurez sous les yeux, cet archipel grand comme l'Ile-de-France et peuplée d'à peine 3000 âmes s'appellera : Îles Falkland (Royaume-Uni), Las Malvinas (Argentine) ou bien encore plus diplomatiquement : Îles Falkland (-Las Malvinas- réclamées par l'Argentine). On pourrait également ajouter "Les Malouines" qu'on trouve aussi parfois sur des cartes francophones.

En passant, Le nom espagnol "Malvinas" descend directement du "Malouines" français !

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Les plus anciens d'entre nous se souviennent évidemment de cette guerre éclair qui opposa l'Argentine à la flotte de sa Majesté, sous la houlette de l'intraitable Dame de fer, Margaret Tatcher.

Les argentins débarquent le 02 avril 1982 sur les îles. Après un mois de préparation (12000 km séparent les deux pays !) les anglais passent à l'offensive et reprennent l'archipel en moins de 50 jours. La rédition est signée le 14 juin 1982. Sur plus de 20000 soldats engagés dans le conflit, 255 Britanniques et 649 Argentins perdront la vie.

Cette défaite cinglante précipitera la chute de la dictature argentine déjà mal en point, et permettra à Miss Tatcher, surfant sur la vague, de faire gagner haut la main son parti l'année suivante. Last but not least, les habitants de ces îles du bout du monde obtiendront enfin la reconnaissance pleine et entière de leur citoyenneté britannique...

Si je vous parle des Malouines aujourd'hui, c'est parce qu'un référendum a eu lieu  cette semaine dans l'archipel, d'où il ressort sans surprise que 99.8% des 1672 électeurs (92% de participation) souhaitent que leurs îles restent dans le giron du Royaume-Uni !

La nouvelle a bien sûr fait grincer les dents du côté de Buenos Aires qui ne cesse depuis des années de réclamer la restitution des Malvinas.

Je ne rentrerais pas dans la querelle de savoir à qui reviennent légitimement les droits sur cet archipel dont l'histoire un peu brouillone remonte au Traité de Tordesillas de 1494, quand les espagnols et les portuguais se partagèrent unilatéralement les terres (encore à découvrir pour certaines) du Nouveau Monde.

Les Malouines furent longtemps une terre de passage, habitées ponctuellement par des espagnols, des anglais, quelques hollandais et bien sûr des français venus tout droit de Saint-Malo ! En 1764, le français Bougainville prend possession d'une moitié de l'Archipel ; l'année d'après, les anglais s'installe dans l'autre moitié ; l'Espagne récupère l'ensemble de "son bien" en 1767. 

L'Argentine obtient son indépendance en 1810 et mets dix ans avant d'aller récupérer ces îes qu'elle revendique au nom de "l'héritage espagnol". Les espagnols qui y vivent deviennent alors de fait des Argentins, mais sont expulsés en 1833 par les anglais qui s'installent alors définitivement.


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L'Assemblée législative des Falklands !


Un journaliste du Monde.fr nous propose cette semaine sur son blog un article très orienté et pleins d'inexactitudes. Les commentaires des internautes nous offrent à cette occasion un florilège d'arguments des pour et des contre, sans pour autant faire avancer le schmilblick.

Voici la contribution de l'un d'entre eux que je trouve assez juste :

"Enfin, il est un amusant de voir le pouvoir argentin se réclamer de l’anti-colonialisme comme si l’Argentine n’était pas elle-même fruit du premier colonialisme planétaire. Mme Kirchner et son défunt époux sont-ils des descendants d’Aymaras, de Quechuas ou de Guaranis?

Tous les pays des Amériques sont le produit d’indépendances créoles ; autrement dit, c’est comme si les Pieds-Noirs avaient obtenu pour eux l’indépendance de l’Algérie !

Un discours anti-colonialiste dans la bouches de ces « pieds-noirs » latinos relève donc de la farce la plus grotesque (...)

L’Argentine ferait mieux de s’occuper de problèmes plus urgents que de tenter une opération colonialiste sous le couvert d’un anti-colonislisme d’opérette. Les Kelpers (habitants de l'archipel) sont là depuis 1833 et n’ont pris la place de personne, à la différence ce qui s’est passé sur le tout le continent américain.

Ils ont donc le droit ne pas vouloir être Argentins..."


***

A la question : Quel sujet aborder à table, en Argentine, si vous voulez mettre un peu d'ambiance ? eh bien, je viens de vous l'offrir sur un plateau !

A la question : Combien d'Argentins, en ce moment, seraient preneur d'un passeport britanique ? Je n'ose même pas imaginer la réponse :)

11/03/2013

Le Rio de la Plata

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J'ai quelquefois évoqué dans ce blog les "eaux troubles" (certains diront boueuses) du Rio de La Plata, qu'elle baignassent les rives de la capitale argentine ou bien les côtes uruguayennes ; et je me suis dit qu'un petit post ne serait pas superflu pour mieux faire comprendre les particularités de cet étrange et gigantesque fleuve-estuaire, cinquante fois plus grand que celui de la Gironde !  

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Le bassin de La Plata est par sa taille le cinquième bassin fluvial du monde et le deuxième d'Amérique du Sud derrière celui de l'Amazone. Les trois principaux fleuves qui composent ce bassin sont le Rio Paraná, le Rio Paraguay et le Rio Uruguay, qui prennent leur source, à des milliers de kilomètres de là, dans les plaines et les hauts-plateaux brésiliens.

Le Paraná est le plus long d'entre eux, avec 4099 km au compteur !

Mais ce bassin compte aussi des dizaines d'affluents majeurs, telle le fameux Rio Iguazú (et ses 1320 km de long tout de même !), qui donne son nom aux chutes éponymes, ou d'autres encore qui trouvent leur source bien plus à l'ouest, dans les Andes boliviennes ou argentines...

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Le Rio Paraná (en vert), le Rio Paraguay (en jaune) et le Rio Uruguay (en rose) sont les principaux fleuves du bassin de La Plata. Ils prennent tout trois leur source au Brésil, contrairement au Rios Bermejo ou Pilcomayo (en bleu) dont les eaux s'écoulent de la Cordilière des Andes


Toute cette eau, chargée de sédiments, se déverse en bout de course dans le Rio de La Plata, à raison de 23 000 mètres cube par seconde !

Une autre particularité du fleuve-estuaire est sa très faible profondeur, d'une moyenne de 10 mètres, qui oblige les navires à fort tonnage, qu'ils se rendent à Buenos Aires ou bien Montevideo, de suivre des chenaux bien définis ; tout cela nécessite bien entendu un dragage continuel.

Si le Rio de La Plata est "globalement" un fleuve, une partie est aussi, de fait, un estuaire, puisque ce fleuve se jette dans la mer ! Je sais, c'est un peu compliqué, et je vous avoue qu'il est difficile de faire la part des choses, tant le terme "estuaire" se prête à d'interminables interprétations ; voici d'ailleurs sa définition sur Wikipédia :

"Un estuaire est la portion de l'embouchure d'un fleuve où l'effet de la mer ou de l'océan dans lequel il se jette est perceptible. Pour certains, il correspond à toute la portion du fleuve où l'eau est salée ou saumâtre, pour d’autres, c'est la présence de l’effet dynamique de la marée sur les eaux fluviales qui le définit."

Rien n'est donc vraiment clair (c'est le cas de le dire) dans cet histoire ! Pour simplifier, nous conviendrons que le "fleuve" est la partie qui s'étend sur près de 200 km à partir du delta, et que "l'estuaire" correspond lui au 100 km suivant, quand les eaux chargées de limon, de sable et autres argiles se mêlent enfin au bleu de l'océan.

Chaque année, ce sont 57 millions de m3 de sédiments qui sont charriés par le fleuve !

Rien n'est pourtant figé dans ce maelström permanent de milliards de litres d'eau, et l'aspect du Rio change aussi au fil des saisons, en fonction des marées atlantiques, des pluies subtropicales brésiliennes ou de la fonte des neiges andines !

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Un point d'étymologie pour finir : Plata signifie argent en espagnol ; d'ailleurs le mot argentine vient d'argentum, qui désigne lui aussi, mais en latin cette fois, le métal si précieux au coeur des conquistadors.

D'après une légende, le nom du Rio trouverait son origine dans les cadeaux en argent que les indigènes firent aux premiers "blancs" qu'ils rencontrèrent ; d'autres sources, plus plausibles, nous indiquent que c'est à la question de savoir où se trouvaient d'éventuelles mines qu'il leur fut répondu : "en remontant le rio bien en amont" ! C'était probablement là une manière efficace d'éloigner les intrus !

Quoi qu'il en soit, on est très loin des poétiques "reflets d'argent" chers à Trenet.

Mais ça, on s'en doutait un peu : vous conviendrez bien volontier que les eaux turbides du fleuve ne se prêtent guère en effet à la contemplation... pas plus d'ailleurs qu'à la baignade !

Depuis que je suis arrivé à Buenos Aires, j'ai souvent entendu des expatriés maugréer que la ville s'était developpée "dos à la mer" et qu'il était très rare au quotidien de profiter du Rio !

A bien regarder le fleuve, ceci explique peut-être cela...


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23/02/2013

Le quartier de San Telmo

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Autour de la rue Balcarse,  San Telmo rend hommage à des personnages de BD argentins. Mis à part Mafalda, ce sont encore pour moi d'illustres inconnus !

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(San Telmo, Buenos Aires, février 2013)

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Si les antiquaires envahissent la Place Dorrego le dimanche (voir ICI), on peut, le reste de la semaine, s'attarder longuement en terrasse et profiter, pourquoi pas, d'une petite démonstration de tango !

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Il aura fallu plus d'un siècle pour achever la construction de l'Eglise de San Pedro Telmo (pour plus de précisions, et pour ceux que cela intéresse, je vous redirige vers l'excellent site du Petit Hergé...)

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Une galerie d'antiquaire sur la Calle Defensa

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San Telmo est un quartier populaire et où les bureaux sont rares. Si quelques "bobos" ont choisi de s'y installer, ils ne sont pourtant pas représentatifs d’une population plutôt issue des classes moyennes et mâtinée de quelques marginaux. Ces derniers confèrent d'ailleurs au quartier une image un peu ternie quant à la sécurité,  surtout  le soir venu…

Ce barrio a en fait deux visages : très tranquille et plutôt désert du lundi au samedi (comparé au Centro !), il s’anime, parfois jusqu’à l’excès, le dimanche en fin de matinée, quand les touristes (mais aussi les Porteños) envahissent en nombre la Calle Defensa, la Plazza Dorrego et quelques rues adjacentes.

Selon que l’on aime ou pas la foule, il faudra donc judicieusement choisir le jour de sa visite, au risque d'être déçu. Sachez tout de même qu’il n’y a que le dimanche où les terrasses de la place Dorrego laissent place au antiquaires, que la rue Defensa (piétonne à l'occasion) accueille sur deux kilomètres des dizaines de stands divers, et que tous les bars restaurants sont assurés d’être ouverts…

Ce qui fait bien sûr le charme de San Telmo, en-dehors de cette feria du dimanche, c’est bien évidemment son architecture qui nous raconte deux siècles d’histoire...

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Comme vous avez pu le découvrir ICI, Buenos Aires s’est développée durant plus de deux siècles, et de façon concentrique, autour de son Fort et de la Place de la Victoire (la Casa Rosada et Place de Mai d'aujourd'hui). A la fin du 18ème, San Telmo était un quartier un peu "en dehors de la ville" qui accueillait les familles les plus aisées.

Quand la fièvre jaune refit son apparition en 1871 (il y avait déjà eu deux précédentes épidémies dans les années 50), nombre d'habitants quittèrent alors le barrio pour aller s’installer plus au nord, vers le couvent de Recoleta...

Cette année là, la terrible épidémie fit plus de 14 000 victimes, soit environ 10% de la population de la cité ! Les plus pauvres prirent alors possession des lieux, se partageant à plusieurs familles l'espace désormais vacant de ces grandes maisons bourgeoises.

A la fin du 19ème, mais surtout les premières années du 20ème siècle, alors que les quartiers qui correspondent à ce que l’on nomme communément aujourd'hui le micro-centro se modernisaient à marche forcée, San Telmo sombrait tranquillement dans une douce léthargie : c’est la raison pour laquelle on trouve encore dans ici tant de demeures coloniales bordant les rues pavées…

Depuis une dizaine d’années, les réhabilitations se multiplient et de nombreux bâtiments se voient transformer en galerie d'art ou en restaurant. Il reste encore néanmoins beaucoup de demeures à sauver de la ruine, un pari qui se révèle difficile en cette période de crise...  

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 Construit à l'origine pour la famille Ezeiza à la fin du 19ème, cet hôtel particulier fut, après l'épidémie de fièvre jaune, habité par de nombreuses familles pauvres d'émigrants. Il abrite aujourd'hui des boutiques d'antiquaires...

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(San Telmo, Buenos Aires, février 2013)

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D'une architecture typique de Buenos Aires au 19ème siècle, cette ancienne résidence est  aujourd'hui reconvertie en galerie marchande...

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Le quartier est "par tradition" assez largement "taggé" !

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Un antiquaire sur la Calle Defensa,  spécialiste du mobilier des années 40 à 60...

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Une énième galerie d'antiquaires...

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Le Café Dorrego, à l'angle de la place éponyme

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(San Telmo, Buenos Aires, février 2013)

20/02/2013

Le dessous des cartes

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Buenos Aires en 1536 (au moment de sa fondation) et, seulement pour comparer, Paris à peu près à la même époque, (avec une carte de 1550)

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Deux siècles après sa fondation (nous sommes en 1746) la ville s'étend doucement autour de son fort (où se situe aujourd'hui la Casa Rosada, le siège du Gouvernement) et la Grande Place (future Place de la Victoire et actuelle Place de Mai)

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En 1800, le quartier de San Telmo commence à poindre le bout de son nez, mais rares sont les porteños à élire domicile sur Recoleta...

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En 1870 , la ville s'est étendue sur l'est (au nord sur la carte). Le centre en est toujours le Fort et la Place de Mai. (En rouge : la ville de 1746 ; en bleu, celle de 1800). La ville ne possède toujours pas de port digne de ce nom...

 

Je pense qu'en découvrant ces cartes anciennes de Buenos Aires, on comprend mieux l'évolution de la petite colonie fondée par Pedro de Mendoza en 1536 : assez lente durant près de deux siècles et demi , puis fulgurante à partir de la fin du 19ème siècle.

Il suffit d'ailleurs de scinder en deux les 477 années qui nous séparent de l'arrivée des premiers colons espagnols pour mieux comprendre cette histoire :

Les 244 premières années furent celles d'un développement plutôt pépère, Buenos Aires n'étant qu'un pion parmi tant d'autres de l'immense vice-royauté du Pérou qui gérait, au nom de la couronne espagnole, la presque totalité du continent sud-américain.

Devant les difficultés inhérentes à la gestion de si vastes provinces, le roi d'Espagne dut se résoudre en 1776 à la création de deux nouvelles vice-royauté, dont celle du Rio de la Plata ; les prérogatives de cette dernière s'étendait alors sur la majeure partie des actuels territoires de l'Argentine, du Chili, de la Bolivie, du Paragay et de l'Uruguay...

C'est en devenant, in facto, et il y a seulement 233 ans, la capitale de cette nouvelle entité, que Buenos Aires va connaître sa première expansion significative.

Malgré tout, en 1850, la population totale du pays peine encore à dépasser le million ! C'est bien peu d'habitants pour une jeune République qui se cherche une place au concert des nations...

Une décision va donc avoir une importance décisive : celle de la mise en place, à partir des années 1860, d'une politique d'immigration "européenne" réellement incitative : rien qu'entre 1880 et 1910, ce ne sont pas moins de 4 millions d'immigrés (en grande majorité Italiens et Espagnol), qui vont débarquer sur les rives de la Plata ; à cette époque les étrangers vont jusqu'à représenter 30% de la population totale.

C'est en réalité grâce à cette émigration massive que la capitale prendra alors son véritable envol.

En 1914, Buenos Aires comptait déjà 1,5 millions d'habitants !

Cent ans plus tard, la mégaplole et ses 15 millions d'habitants est au 19ème rang des villes les plus peuplées au monde...

 

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En 1895, la ville se développe de façon exponentielle. On apperçoit enfin le nouveau port (l'actuel Puerto Madero) qui n'existait pas 25 ans plus tôt !
En rouge, on découvre l'Avenida de mayo, percée entre 1888 et 1894 !

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En 1900, la ville a continué de croître ; De nouveaux quartiers se développent, tels Palermo, Belgrano et Almagro...

15/02/2013

Carte interactive de Buenos Aires : 1892 / aujourd'hui !

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Je suis tombé par hasard sur cette carte interactive de Buenos aires qui superpose le plan de la ville de l'époque (1892) sur une vue satellite de la mégapole d'aujourd'hui !

On peut s'y déplacer à l'envie et découvrir, entre autre, que le Puerto Nuevo, l'aéroport Newberry et la réserve écologique ont été gagné sur le Rio, que les stades de River Plate ou de La Boca n'existaient pas encore et que le quartier de Palermo s'appellait  "Villa Alvear"...


Buenos Aires 1892 : carte interactive


28/01/2013

Jean-Marc Ayrault à l'Ambassade de France

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"Oui, nous sommes bien le 25 janvier 2013, comme c'est écrit là !"

 

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L'Ambassade de France depuis le 11ème étage de l'hôtel Four Seasons

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La façade nord de l'ambassade, sur la rue Arroyo
 

C'est au Palais Ortiz Basualdo, siège de l'Ambassade de France en Argentine, que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait convié vendredi 25 janvier dernier la communauté française.

Malgré l'heure inhabituelle de cette réception (8h30 !) plus de 400 compatriotes avait répondu présent. Certains pour entendre le discours du Premier ministre et tenter d'échanger avec lui quelques mots, d'autres profitant simplement de l'occasion pour venir découvrir le palais.

Enfin, il y en a sûrement quelques-uns, à n'en pas douter, dont l'intérêt se situaient plutôt au plus près des buffets, où les viennoiseries de la première heure ont vite fait place aux canapés salés et au Champagne venu spécialement de France.

Le Palais Ortiz Basualdo (du nom de la famille qui l'a fait construire à partir de 1912) accueille les services de l'Ambassade de France depuis 1939.

Cette riche demeure, qui se voulait en ce début de vingtième siècle une ode au savoir-faire et au bon goût français a pourtant bien failli disparaître dans les années 70.

C'est en effet en 1971 que les autorités argentines font savoir à la France qu'elle va être expropriée et que le Palais Ortiz sera ensuite entièrement raser pour les besoins de son grand projet urbanistique : le percement de l'Avenue 9 de Julio, "la plus grande avenue du monde"...

S'ensuivront plus de 10 années de tensions entre nos deux pays, au terme desquelles le palais ne perdra que... son jardin ! C'est à son emplacement que commence aujourd'hui l'autoroute qui dessert le nord de la capitale et qui est emprunté chaque jour par des milliers de véhicules !

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Tel l' "irréductible village gaulois", le Palais Ortiz est donc l'un des rares bâtiments (avec la Mansion Alzaga -actuel Hôtel Four Seasons-) qui subsista après le percement dans les années 70 de l'Avenue 9 de Julio, longue de près de 4 kilomètres.

Pour concevoir cette "plus grande avenue du monde", le gouvernement de l'époque fit raser 26 cuadras de 120 mètres de côté, soit une surface de plus de 35 hectares, ...en plein centre ville !

(L'Ambassade de France se trouve dans le petit carré rouge...)

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La façade Est, qui faisait face au jardin maintenant disparu...

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Le hall d'entrée donne tout de suite le ton : marbres, onyx, bronzes et boiseries de chêne...

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Pour les besoins de ce type de réception, on déménage évidemment beaucoup de mobilier (commodes, tables et fauteuils de style) et l'on met à l'abris les objets d'art les plus précieux (vases de Sèvres ou sculptures) qui décorent habituellement la demeure...

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Une estrade avait été dressée dans l'ancienne "salle de bal"

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Depuis le "salon de musique" on découvre, en face, le vestibule et à gauche la salle à manger

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Le premier étage est presque exclusivement réservé aux besoins des réceptions. Les bureaux de l'Ambassadeur et de ses plus proches collaborateurs se trouvent au deuxiéme étage, les autres services se partageant le rez-de-chaussé et le troisième et dernier étage.

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(Ambassade de France, 25 janvier 2013)

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Le vestibule du premier étage donne accès aux différents salons.

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Le "salon Renaissance", avec son incroyable cheminée style "François Ier"

On appelle aussi ce salon la "galerie des portraits" car sur un pan de mur sont disposées les photos des ambassadeurs qui se se sont succédés dans le palais depuis 1939... 

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Un des nombreux et massifs escaliers en bois qui desservent les quatre niveaux (mais je vous rassure, il y a aussi des ascenseurs !)

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La salle à manger..., 

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... et Henri IV qui attend patiemment la foule !

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Après une brève cérémonie et un dépot de roses blanches en l'honneur des français disparus pendant la dictature (on trouve leur portrait dans le hall du rez-de-chaussée), le discours peut commencer.

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Le Premier Ministre était accompagné de Benoît Hamon, Ministre délègué à l'Economie sociale et solidaire...

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Des écrans placés dans les salons permettaient de suivre le discours

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A droite, l'Ambassadeur de France, Jean-Pierre Asvazadourian

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(Ambassade de France, 25 janvier 2013)

19/01/2013

La colonne de Persépolis

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En rentrant l'autre jour à pied du Barrio Chino, j'ai découvert à Palermo (dans un coin ou les touristes se font rares) cette réplique d'une colonne de l'Apadana (la "salle d'audience") que Darius Ier avait fait construire pour sa capitale Persépolis.

Cette réplique est semble-t'il un cadeau fait par le Shah d'Iran à l'occasion d'un voyage officiel.

Des 72 colonnes originelles de près de 20 mètres de hauteur qui soutenaient le toit de l'Apadana, peu ont survécu à la destruction de la capitale achéménide par Alexandre le Grand en 331 av.JC.

Le Louvre conserve un de ces rares et merveilleux chapiteaux de marbre gris qui m'avait tant impresionné il y a quelques années...

L'Apadana était, avec le Palais des 100 colonnes (la salle du trône), l'une des deux constructions monumentales de Persépolis ; elle pouvait abriter jusqu'à 10000 personnes !


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(Buenos Aires, Janvier 2013)

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(Où l'on remarque que la réplique est "approximative"...)

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Un de ces sublimes chapiteaux se trouve au Louvre.

Ci-dessous, la version colorée, car on oublie trop souvent que les édifices de l'antiquité étaient généralement entièrement peints (à l'instar des temples égyptiens) de couleurs très vives !

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06/01/2013

Le quartier de Recoleta

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L'Iglesia Del Pilar jouxte le Cimetière de Recoleta...

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... Ceint d'un haut mur en brique, ce dernier est un peu le coeur du quartier.

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En haut, l'un des nombreux bâtiments de l'Ambassade du Brésil ; en bas à gauche, l'entrée de l'hôtel Four Seasons ; à droite l'Annonciature Apostolique

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Une rue typique de Recoleta

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(Buenos Aires, Recoleta, décembre 2012)

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Quand les porteños parlent de Recoleta, ils font souvent référence à un "Paris" quelque peu idéalisé.

C'est en partie justifié, quand on découvre à chaque coin de rue des édifices reprenant les codes architecturaux du 19ème siècle français (et parfois aussi d'autres pays européens). Malgré tout, quand on y regarde de plus près, on s'apperçoit que la majorité des constructions sont plutôt d'après-guerre, avec de grands et larges balcons à chaque étage.

En fait, si l'on cherchait une paternité esthétique à ce quartier, c'est plutôt au 8ème et surtout 16ème arrondissement de Paris que l'on ferait référence... Le Barrio de Recoleta est du reste, avec ses 6km², d'une superficie peu ou prou similaire à ces derniers.

Comme dans toute grande ville, le style des quartiers ne changent évidemment pas d'un coup d'un seul parce que l'on traverse une avenue ! Le Barrio de Recoleta a donc lui aussi plusieurs visages, et les photos de ce post vous montrent surtout la partie la plus "fameuse", celle se situant dans la moitié nord, autour du cimetière éponyme. La section de Retiro dans laquelle j'habite (à gauche de l'Avenue du 9 Juillet sur le plan), est généralement incluse, elle aussi, dans Recoleta.

Les Porteños ont d'ailleurs un terme générique qui regroupe, pour simplifier, à la fois les barrios de Retiro, de Recoleta et de Palermo : c'est le Barrio Norte...

Recoleta est également connu pour ces nombreux parcs mais, si l'on est un tant soit peu honnête, on admettra que, bien qu'ils portent tous des noms différents (Dante, de Francia, Alvéar, Martin de Tours, Mitre, etc...), il ne s'agit en fait que d'un seul "grand" parc qui s'étire sur un peu plus d'un kilomètre de long, au nord du Barrio.

Comme ce quartier est principalement résidentiel (haut ou très haut de gamme) il est donc assez tranquille et échappe largement un peu à la frénésie de la ville ; Malheureusement, en contrepartie, les commerces de proximité s'y font plutôt rare...

Les touristes viennent toujours aussi nombreux, attirés à la fois par le cachet du cimetière, les parcs, les hôtels cinq étoiles et les vitrines des magasins de luxe, quelques grands musées, des malls modernes, des restaurants renommés et de nombreuses terrasses en plein air.

 

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(Buenos Aires, Recoleta, décembre 2012)

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Le luxueux Hôtel Alvéar

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S'il est peut-être une chose qui distingue Recoleta, c'est le nombre incalculable de halls d'entrée ostentatoires, dans lesquels s'emme.de veille le portero.

Souvent immenses et meublés de sofas, on les reconnaît à leur débauche de marbre, de bois et de cuivre censé nous renseigner sur le prestige des occupants de la bâtisse ; ils ont aussi bien souvent des interphones plutôt originaux...

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(Buenos Aires, Recoleta, décembre 2012)

24/11/2012

En route pour la Patagonie...

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Vous ne lirez pas de nouveaux posts pendant les 10 prochains jours pour la bonne raison que l'heure des congés a sonné ; l'occasion pour moi de sortir pour la première fois de Buenos aires où je suis arrivé il y a maintenant bientôt trois mois.

Oublié le boulot, la connexion WiFi et le brouhaha quotidien. : je m'en vais aller respirer l'air pur de Patagonie, et comme je ne fais pas les choses à moitié, j'ai décidé d'attaquer trés au sud, dans la région des glaciers, vers Calafate et El Chalten (le petit cercle en noir sur la carte!).

La Patagonie englobe tout le cône sud du continent américain, et se partage entre l'Argentine et le Chili ; entre ces deux pays s'étend la majestueuse Cordillière des Andes.

La limite nord, elle, serpente le long du cours du Rio Colorado.

Cette immense région, côté argentin,  représente plus d'un quart de la superficie du pays, pour seulement un dixième de sa population (c'est 20% plus grand que la France, avec seulement 4 millions d'habitants !).

La patagonie s'étend en longueur sur plus de 2000 km et présente des paysages pour le moins très contrastés : on trouve à l'est la Cordillière Andine et ses sommets enneigés et à l'ouest les rives de l'Océan Atlantique ; au nord c'est plutôt la pampa, alors que le sud nous offre ses lacs glaciaires et les étendues sauvages de la Terre de Feu...

Cette région est donc tellement vaste qu'il faut faire des choix si l'on veut bien en profiter : j'ai donc jeté mon dévolu, pour cette première fois, sur le Parc National des Glaciers, aux abords du Campo de Hielo Sur, la troisième plus grande calotte glacière du monde, après l'Antartique et le Groenland.

Si le beau temps est de la partie, je devrais donc vous rapporter quelques jolies photos....

11/11/2012

Le nouveau billet de 100 Pesos à l'effigie d'Evita

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Bien que ce nouveau billet ait été présenté le 22 juillet dernier par Cristina Fernandez de Kirchner (Présidente depuis 2007) à veille de la commémoration du soixantième anniversaire de la disparition d'Eva Perón, c'est seulement cette semaine que j'ai enfin eu l'occasion d'en avoir un entre les mains.

Le choix de cette nouvelle coupure à bien sûr créé pas mal de polémiques, certains jugeant indigne sa valeur faciale de 100 pesos alors qu'Evita en aurait mérité 500 ! D'autres, beaucoup plus nombreux, estimant que la présidente cherche à récupèrer à son compte la grande popularité dont jouit encore l'ancienne Première Dame, morte d'un cancer à l'âge de 33 ans...

Fi de politique, il faut tout de même saluer que c'est la première fois qu'une femme apparaît sur un billet national, et qui plus est une personalité du 20ème siècle, ce qui va nous changer un peu ! En effet, la série actuellement en circulation, émise à partir du début des années 2000, est toute entière dédiée à la gloire de militaires nés au 18ème ou 19ème siècle et considérés comme "pères fondateurs" de la Nation. La plupart se sont également engagés en politique et trois d'entre eux ont d'ailleurs fini Président... 

Avoir été militaire au 19ème, dans une jeune république qui cherchait à chasser définitivement les espagnols et à mettre au pas (ou à éliminer, purement et simplement) les autochtones, ne garantit que très rarement une biographie vierge de tout dérapages !

Bon, je sais, si on s'accordait un "droit d'inventaire" du bref passage d'Eva au côté de son président de mari, on y trouverait sans doute aussi quelques "errements" et pas mal de populisme... Mais au regard du réel volontarisme dont elle a fait preuve pour améliorer la condition de vie des plus pauvres ainsi que pour faire avancer la cause féministe, le fléau pencherait à mon avis plutôt du bon côté...

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Le nouveau Billet de 100, recto et verso

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Pour ajouter encore de l'histoire à l'Histoire, ce nouveau billet est largement inspiré d'une coupure de 5 pesos, dessinée en 1955 (soit trois ans après la mort d'Evita) mais qui ne vit jamais le jour, son mari, Juan Perón se faisant chasser du pouvoir cette année là par un coup d'état militaire....

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Sans tomber dans l'arrogance "franchute", mais juste pour le clin d'oeil, notons que l'on doit le dessin de ce billet à l'atelier du franco-suisse Roger Pfund, celui-là même qui nous avait gratifié de la dernière série de billet en circulation en France dans les années 90, avant l'apparition de l'Euro ; souvenez-vous, c'étaient ces jolis billets hauts en couleurs qui représentaient Paul Cézanne, Gustave Eiffel, Pierre et Marie Curie ou bien encore le Petit Prince et Saint-Exupéry ! (Saint-Ex qui a d'ailleurs vécu à Buenos Aires, de 1929 à 1930...)


Billets actuellement en circulation en Argentine :

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Bartolomé Mitre, né en 1821, sixième Président de la Nation

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José de San Martin, né en 1778, Général et l'un des fondateurs de la République

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Manuel Belgrano, né en 1770, leader de l'Indépendance, et créateur du drapeau argentin

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Juan Manuel de Rosas, né en 1793, Gouverneur de la Province de Buenos Aires

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Domingo Sarmiento, né en 1811, septième Président de la Nation

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Julio Roca, né en 1843, neuvième Président de la Nation

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Autre (et dernier !) clin d'oeil "franco-français" : ce nouveau billet de 100 pesos (soit environ 17 euros) est signé par l'ancien Ministre des Finances et actuel Vice-président de la Nation et Président du Sénat, Amado Boudou, dont la famille est originaire d'un petit village de ... l'Aveyron !

En effet, c'est en 1903 que l'arrière-grand-père d'Amado Boudou, un certain Frédéric, quitte Durenque (une petite localité de l'arrondissement de Rodez, qui compte aujourd'hui moins de 600 habitants) avec ses sept enfants.

Il a décidé, à 50 ans, d'aller tenter sa chance à Pigüe, ici en Argentine, où une quarantaine de familles rouerguates sont déjà installés depuis une vingtaine d'années.

En 1919, Frédéric Boudou est à la tête de plus de 7000 hectares de terres dans la pampa, alors qu'il en avait seulement 25 en Aveyron !

Dans la ville de Pigüe, qui compte aujourd'hui près de 15000 habitants, nombre des descendants de ces colons Français de la fin du 19ème siècle continuent à parler l'Occitan, ou tout au moins le comprennent...

(Petit article de La Dépèche.fr)

04/11/2012

Dans les allées du Cimetière de Recoleta...

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Des anges passent, d'autres se reposent...

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(Buenos Aires, octobre 2012)

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L'Eglise Notre-Dame du Pilar, construite en 1732

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En 1715, en lieu et place de l'actuel cimetière, se trouvaient ici le couvent des moines franciscains de l'ordre des Recollets. De leur passage il ne reste plus aujourd'hui que la belle église Notre-Dame du Pilar (construite en 1732) ainsi que le nom d'usage que prendra naturellement le quartier, puis à son tour le cimetière, quand il sera édifié, à partir de 1822, sur les terres reprises à l'Eglise.

La Recoleta restera pendant cinquante ans l'unique lieu d'inhumation de Buenos aires. En 1871, face à la terrible épidémie de fièvre jaune, la municipalité (par peur, mais également par manque de place) s'empressa de construire un nouveau cimetière, celui de Chacarita, six kilomètres plus à l'Ouest...

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Ca fait drôle la première fois, ... après on s'habitue !

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(Buenos Aires, octobre 2012)

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Les plans du cimetière de Recoleta furent dessinés par le Français Prosper Catelin

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A Recoleta, nombres de cercueils sont présentés tels quels sur les étagères des chapelles...

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"Reposez en paix", un dernier message avant d'entrer... définitivement !

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On compare bien souvent le Cimetière de Recoleta avec celui du Père-Lachaise de Paris. Je vous accorde qu'ils ont bien, en effet, des points communs, à commencer par la présence de nombreuses tombes, ce qui est bien le moins dans un endroit pareil ! Il y ensuite qu'il est situé en plein centre ville, qu'il est bondé de "nationaux" célèbres, et que son architecture nous raconte avec panache (et force détails) tous les styles en vigueur au 19ème siècle et au début du 20ème.

Pour les comparaisons, ça s'arrête là...

Car pour commencer, il est plutôt petit : il tient dans un quadrilatère d'environ 220m de côté, soit moins de 5 hectares. Le Père-Lachaise, avec ses 44 hectares, est donc pratiquement 10 fois plus grand !

Ensuite, il manque cruellement de "verdure" : on y trouve une cinquantaine d'arbres à tout casser, contre 5300 recensés au Père-Lachaise ; c'est donc là cent fois moins ! Ce qui explique sans doute d'ailleurs pourquoi j'ai  moyennement apprécié, dès les premières minutes, d'y flâner, ressentant ici la même impression d'étouffement que dans certains quartiers du centre ville. Cette impression étant confortée par le plan au carré du cimetière, mais surtout par ces caveaux joints les uns aux autres et d'une hauteur parfois trois fois plus importante que la largeur des allées...

Il y a enfin qu'il est peuplé d'inconnus. Non là je plaisante bien sûr ! Des d'inconnus pour un touriste étranger de passage s'entend ! A déambuler entre les tombes, j'ai une fois encore l'impression de me retrouver en ville : je découvre enfin que derrière tous les noms de rues que je quadrille depuis maintenant deux mois se cache un homme public, et bien souvent un politique ou un militaire ! Tous les anciens Présidents de la Nation Argentine semblent s'y être donner rendez-vous, sauf le dernier (le mari de notre Christina nationale, qui repose lui dans sa ville natale de Rio Gallegos en Patagonie) !

Il n'y a en fait à Recoleta qu'une sépulture de rang "international" : celle d'Eva Peron (Evita !). C'est la seule à attirer la totalité des touristes qui passent sous le portique d'entrée, et qui sont généralement plutôt déçus, quand ils parviennent enfin à dénicher le caveau, de découvrir que ce dernier est familial et somme toute assez banal !

L'unique signalétique qui existe nous indique le chemin qui mène au mausolée dressé à l'intention du septième Président de la Nation, Domingo Sarmiento (1811-1888). Il n'en mérite peux être pas tant, à lire en quels délicieux termes il évoquait, par exemple, ses chers indigénes:

« Parviendrons-nous à exterminer les Indiens ? J’éprouve pour les sauvages d’Amérique une invincible répugnance, sans pouvoir y remédier. Cette canaille n’est autre chose que quelques Indiens répugnants que je donnerais l’ordre de pendre s’ils réapparaissaient aujourd’hui. Lautaro et Caupolicán sont des Indiens pouilleux, car ils le sont tous. Incapables de progrès, leur extermination est providentielle et utile, sublime et grande. Il y a lieu de les exterminer, sans pardonner même au petit, lequel possède déjà la haine instinctive contre l’homme civilisé. »

Un ange, vous dis-je...

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L'entrée du caveau de la famille Duarte, où repose Evita

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On trouve parfois des "choses" très éloignées de l'académisme ambiant !

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Le Mausolée du Président Domingo Sarmiento

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Une "gothique" avant l'heure...

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En prenant un peu de hauteur...

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(Buenos Aires, octobre 2012)

29/10/2012

Les quartiers (barrios) de Buenos Aires

Comme pour n'importe quelle cité, on peut difficilement appréhender Buenos Aires et comprendre son développement sans en connaître un peu le passé.

J'ai délimité sur cette carte des principaux barrios (quartiers) dans lesquels se trouvent concentrés toute l'histoire de la capitale. Que vous soyez touriste de passage ou expatrié, vous n'aurez que peu d'occasions de passer les "frontières" de l'un de ces huit quartiers, si ce n'est pour vous rendre à l'aéroport international, situé à une trentaine de kilomètres au sud-ouest du centro.

Ce n'est pas par snobisme, mais seulement parce que le reste de la mégapole n'est qu'une multitude d'autres barrios (il y en à 48 au total !) qui sont généralement des zones d'habitation sans intérêt historique particulier...

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L'Histoire de Buenos Aires commence par un raté : la fondation de la première colonie par Juan de Garay en 1536, qui tourne à la cata (l'impétrant ce faisant mettre dehors par les autochtones !)

Ce village, dont il ne reste rien, se situait à la frontière des quartiers de San Telmo et de La Boca.

Le second essai fut le bon, quand Pedro de Mendoza, qui réinvesti les lieux en 1580, délimite les frontières de sa nouvelle ville. Cette dernière s'étendait sur une partie de l'actuel quartier San Nicolás, et dont le centre névralgique (le Fort et le Cabildo) est représenté sur la carte par le petit rectangle blanc.

A l'est il n'y avait rien : Puerto Madero, la Réserve Écologique et le port étaient encore sous les eaux...

Petit à petit la ville s'étendit sur le quartier de Monserrat, et San Telmo devint le lieu de villégiature des plus fortunés. C'est à partir du 19éme siècle que la cité connu un essor important, avec un développement vers l'ouest, mais surtout au nord, avec les quartiers de Recoleta et de Palermo.

En 1871, une terrible épidémie de fièvre jaune incita les familles riches et puissante à quitter San Telmo pour venir s'installer dans le barrio de Recoleta, réputé plus sain. C'est aujourd'hui encore le quartier de le plus "chic" de la ville...

Palermo, Recoleta et Retiro constituent ce qu'on appelle communément le Barrio Norte. C'est ici que l'on trouve la plupart des Ambassades, des musées, la gare centrale et les parcs.

Le centro, ou microcentro, (le coeur administratif  et financier de la ville) s'étendent globalement sur les quartiers de San Nicolás et Monserrat.

Enfin, on trouve Belgrano, tout au nord. C'est également un barrio très couru et de nombreuses familles françaises y élisent domicile en raison de la proximité du Lycée Franco-Argentin Jean Mermoz...

Pour vous donner un ordre de grandeur, la superficie de ces huit quartiers (plus Belgrano) correspondent à eux seuls à la moitié de celle de Paris intra-muros !

06/10/2012

El Congreso

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(Congreso, septembre 2012)

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A l’instar par exemple des États-Unis, le gouvernement argentin à fait le choix de réunir son parlement bicaméral sous le même toit : Le Congrès.

C’est vers la fin du 19èmesiècle que fut prise la décision de construire un bâtiment suffisamment grand pour accueillir sénateurs et députés, ainsi que la plus grande bibliothèque du pays.

Le monument devait également refléter l’incroyable prospérité du pays, l’une des dix premières puissance mondiales de l’époque.

Il fallut bien entendu détruire de nombreux "cuadras" d'habitations pour libérer de l'espace afin de construire l'édifice, puis d'autres encore pour aménager les jardins qui lui font face ainsi que l'Avenue de Mai qui, deux kilomètres plus loin, mène à la Casa Rosada, siège de la présidence.


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La construction d'El Congreso, qui débuta au début du siècle, n'était toujours pas terminé lors de son inauguration en 1906. Le budget avait entre-temps tellement flambé qu'on lui avait donné le surnom de Palacio de Oro !

La chambres des sénateurs et celle des députés, ainsi que la bibliothéque, riche de 3 millions d'ouvrages et documents bibliographiques sont distribués autour du grand Salon Azul, lui même dominé par l'impressionnant dôme en marbre qui culmine à 85m de hauteur.

 

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Des visites (gratuites) sont organisées chaque jour (sauf le mercredi, quand les chambres sont en séance) et j'aurais je l'espère l'occasion de vous montrer bientôt quelques photos de l'intérieur.

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26/09/2012

La Boca (2)

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(La Boca, Buenos Aires, septembre 2012)

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Compteurs...

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La Boca ne se limite évidemment pas au seul Caminito et aux deux ou trois rues adjacentes !

Malheureusement, l'image sulfureuse du quartier n'incite guère les visiteurs à se perdre, le nez en l'air, dans le barrio. Dans tout les guides on trouve écrit des recommandations à ne pas s'aventurer au-delà d'un no man's land discrètement surveillé par la police : le quartier, peuplé de gens très pauvre, serait un repère de mauvais garçons prêts à détrousser le touriste !

Personnellement, et sans grande appréhension, j'avais décidé de venir à pied jusqu'ici depuis la Place Dorrego. Soit moins de trois kilomètres. Je n'ai rencontré que du calme dans les rues désertes et aux façades bien souvent décrépies. Ici ou là, des hommes occupés à  laver leur voitures, ou des enfants à jouer. Très peu de commerces, et encore moins d'ouverts car nous étions dimanche. Seuls quelques cafés apportaient un semblant de vie...

Je verrai avec le temps si cette angoisse sécuritaire est vraiment justifiée, restant pour autant bien conscient qu'il y a une différence à se promener un dimanche matin ensoleillé (ce qui était mon cas) plutôt qu'au beau milieu de la nuit !

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Le stade, aux couleurs de son équipe La Boca Juniors, est surnommé la "Bombonera" (la bombonnière) en raison de son architecture...

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Maradona... et un supporter de La Boca Juniors :)

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Le "personnage" du lieu, c'est Benito Quinquela Martin, un orphelin né à la Boca en 1890. Peintre devenu célèbre, il fut un bienveillant philanthrope pour son quartier auquel il offrit de nombreuses infrastructures. C'est dans sa maison-atelier que l'on visite le Musée des beaux-arts de La Boca.

L'autre célébrité du barrio est bien entendu le célèbre numéro 10 Argentin, Diégo Maradona ! C'est chez les Argentinos Juniors, un des deux club de la ville que Diégo fit ses armes avant d'être débauché à prix d'or par le club concurrent, La Boca Juniors.

Il n'y jouera que deux saisons, avant de s'envoler, à 22 ans, pour Barcelone...

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(La Boca, Buenos Aires, septembre 2012)

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(Vous pouvez cliquer sur les images pour obtenir un plus grand format)

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En remontant vers San Telmo, on découvre les bulbes de l'étonnante église russe orthodoxe, inaugurée en 1901.