16/03/2013
Les Malouines, Las Malvinas et les Falklands
Suivant l'origine des cartes que vous aurez sous les yeux, cet archipel grand comme l'Ile-de-France et peuplée d'à peine 3000 âmes s'appellera : Îles Falkland (Royaume-Uni), Las Malvinas (Argentine) ou bien encore plus diplomatiquement : Îles Falkland (-Las Malvinas- réclamées par l'Argentine). On pourrait également ajouter "Les Malouines" qu'on trouve aussi parfois sur des cartes francophones.
En passant, Le nom espagnol "Malvinas" descend directement du "Malouines" français !
Les plus anciens d'entre nous se souviennent évidemment de cette guerre éclair qui opposa l'Argentine à la flotte de sa Majesté, sous la houlette de l'intraitable Dame de fer, Margaret Tatcher.
Les argentins débarquent le 02 avril 1982 sur les îles. Après un mois de préparation (12000 km séparent les deux pays !) les anglais passent à l'offensive et reprennent l'archipel en moins de 50 jours. La rédition est signée le 14 juin 1982. Sur plus de 20000 soldats engagés dans le conflit, 255 Britanniques et 649 Argentins perdront la vie.
Cette défaite cinglante précipitera la chute de la dictature argentine déjà mal en point, et permettra à Miss Tatcher, surfant sur la vague, de faire gagner haut la main son parti l'année suivante. Last but not least, les habitants de ces îles du bout du monde obtiendront enfin la reconnaissance pleine et entière de leur citoyenneté britannique...
Si je vous parle des Malouines aujourd'hui, c'est parce qu'un référendum a eu lieu cette semaine dans l'archipel, d'où il ressort sans surprise que 99.8% des 1672 électeurs (92% de participation) souhaitent que leurs îles restent dans le giron du Royaume-Uni !
La nouvelle a bien sûr fait grincer les dents du côté de Buenos Aires qui ne cesse depuis des années de réclamer la restitution des Malvinas.
Je ne rentrerais pas dans la querelle de savoir à qui reviennent légitimement les droits sur cet archipel dont l'histoire un peu brouillone remonte au Traité de Tordesillas de 1494, quand les espagnols et les portuguais se partagèrent unilatéralement les terres (encore à découvrir pour certaines) du Nouveau Monde.
Les Malouines furent longtemps une terre de passage, habitées ponctuellement par des espagnols, des anglais, quelques hollandais et bien sûr des français venus tout droit de Saint-Malo ! En 1764, le français Bougainville prend possession d'une moitié de l'Archipel ; l'année d'après, les anglais s'installe dans l'autre moitié ; l'Espagne récupère l'ensemble de "son bien" en 1767.
L'Argentine obtient son indépendance en 1810 et mets dix ans avant d'aller récupérer ces îes qu'elle revendique au nom de "l'héritage espagnol". Les espagnols qui y vivent deviennent alors de fait des Argentins, mais sont expulsés en 1833 par les anglais qui s'installent alors définitivement.
L'Assemblée législative des Falklands !
Un journaliste du Monde.fr nous propose cette semaine sur son blog un article très orienté et pleins d'inexactitudes. Les commentaires des internautes nous offrent à cette occasion un florilège d'arguments des pour et des contre, sans pour autant faire avancer le schmilblick.
Voici la contribution de l'un d'entre eux que je trouve assez juste :
"Enfin, il est un amusant de voir le pouvoir argentin se réclamer de l’anti-colonialisme comme si l’Argentine n’était pas elle-même fruit du premier colonialisme planétaire. Mme Kirchner et son défunt époux sont-ils des descendants d’Aymaras, de Quechuas ou de Guaranis?
Tous les pays des Amériques sont le produit d’indépendances créoles ; autrement dit, c’est comme si les Pieds-Noirs avaient obtenu pour eux l’indépendance de l’Algérie !
Un discours anti-colonialiste dans la bouches de ces « pieds-noirs » latinos relève donc de la farce la plus grotesque (...)
L’Argentine ferait mieux de s’occuper de problèmes plus urgents que de tenter une opération colonialiste sous le couvert d’un anti-colonislisme d’opérette. Les Kelpers (habitants de l'archipel) sont là depuis 1833 et n’ont pris la place de personne, à la différence ce qui s’est passé sur le tout le continent américain.
Ils ont donc le droit ne pas vouloir être Argentins..."
***
A la question : Quel sujet aborder à table, en Argentine, si vous voulez mettre un peu d'ambiance ? eh bien, je viens de vous l'offrir sur un plateau !
A la question : Combien d'Argentins, en ce moment, seraient preneur d'un passeport britanique ? Je n'ose même pas imaginer la réponse :)
17:54 Publié dans Actualité, Histoire géo, Politique | Lien permanent | Commentaires (0)
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