Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/05/2015

Les Mères (et les Grands-Mères) de la Place de Mai

Les mères de mai 01.JPG

(Plaza de Mayo, avril 2015)

Les mères de mai 03.JPG

La "Pirámide de Mayo" originelle, qui fut le premier monument patriotique érigé à Buenos Aires (en mai 1811, un an après la Révolution), a largement été remaniée en 1852.

Elle perdit les quatre sculptures allégoriques trônant à sa base (ces dernières : la Géographie, l'Astronomie, la Mécanique et la Navigation se trouvent aujourd'hui à une centaine de mètres de là, au coin des rues Alsina et Defensa), et fut coiffée d'une sculpture de la Liberté (reconnaissable à son bonnet phrygien) du français Joseph Dubourdieu, celui-là même qui réalisa le fronton de la Cathédrale toute proche. 

Les mères de mai 04.jpg

 En 1912, on déplaça l'obélisque d'une soixantaine de mètres afin de le placer exactement au milieu de la place...

Les mères de mai 02.JPG

Les mères de mai 05.JPG

Entre l'obélisque et la Casa Rosada, les barrières anti-émeutes, fixées au sol, sont dressées en permanence afin de protéger la Présidence des très nombreuses manifestations qui se déroulent sur la place.

Les mères de mai 06.JPG

Des vétérans de la Guerre des Malouines campent depuis maintenant sept ans dans un coin de la place afin d'être officiellement reconnu par le gouvernement...

Les mères de mai 07.JPG

Les "Mères de la Place de Mai" arrivent à bord d'un minibus de leur association...

Les mères de mai 08.JPG

Les mères de mai 09.JPG

Le 30 avril 1977, soit un an après le coup d'état (le 6e en moins de 50 ans!) du Général Videla qui renverse le gouvernement d'Isabel Perón, des mères de familles viennent manifester Place de Mai : demandant à rencontrer le chef de la junte militaire, elles se voient sommées par la police de "circuler".

C'est ce qu'elles ont fait ce jour là, en tournant autour de l'obélisque, et c'est ce qu'elles font encore aujourd’hui, 38 ans plus tard, tous les jeudi !

Je ne reviendrais pas sur les atrocités qui marquèrent les années de la triste dictature militaire qui dirigea le pays de 1976 à 1983, les chiffres parlant d'eux-mêmes : 15 000 fusillés, 30 000 disparus, 1,5 millions d'exilés ; rafles, centres de détention, tortures, sans compter les plus de 500 bébés enlevés à leurs parents assassinés et remis sous de faux noms à des familles proche du pouvoir...

Beaucoup de ces disparus (dont seulement 11 000 sont aujourd'hui reconnus par les autorités) furent jetés, mort ou inconscient, depuis des avions dans le Rio de la Plata ; les fameux "vols de la mort". Les autres finirent dans des fosses communes.

Pour ajouter à ce tableau déjà très noir, il faut se souvenir que les pays alentours (le Chili, la Bolivie, l'Uruguay, le Paraguay et le Brésil), qui étaient également des dictatures, jouèrent le jeu du régime argentin (l'Opération Condor) et trucidèrent de nombreux opposants qui cherchaient à fuir hors du pays.

On pourrait aussi parler de ces commandos qui furent envoyés jusqu'en Europe pour achever la triste besogne, ou encore du silence assourdissant de nombreux pays pourtant très au fait de la situation, à commencer par les États-Unis...

 Les mères de mai 10.JPG

Mais revenons à nos "Mères" qui exigent encore aujourd'hui de connaître toute la vérité sur le sort qui fut réservé à leurs enfants et qui continuent inlassablement à tourner autour de l'obélisque, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, comme pour remonter le temps...

En 1986, le mouvement se scinda en deux, avec d'un côté les "Mères de la Place de Mai, ligne fondatrice", et de l'autre "l'Association des Mères de la Place de Mai".

Les premières, pour faire court, refusent les prises de paroles sur la place, acceptent l'idée de dédommagement financier, sont en faveur de l’exhumation des corps et de l'identification des victimes. Elle souhaitent enfin que seules les "mères" de Buenos Aires participent à leur mouvement.

Les secondes (pour faire tout aussi court), bien que sans parti, sont nettement plus politisées. Elles refusent quelque réparation économique que ce soit, pas plus qu'elles ne veulent de monuments aux morts, de musée aux morts ni d''exhumation des corps qui ferait abstraction de l'engagement politique et révolutionnaire de leurs enfants. Elles sont enfin solidaires de toutes les victimes des dictatures à travers le Monde.

Quoiqu’il en soit, cela fait maintenant 38 ans que ces deux groupes tournent autour de l'obélisque, le même jour, sans se mêler n'y même se jeter un regard !

Depuis 2006, les marches sont devenues nettement plus pacifiques, les mères (toutes obédiences confondues) reconnaissant à Nestór Kirchner (le défunt mari de Cristina) d'avoir sincèrement œuvré dans le bon sens au cours de sa présidence...

Pour être complet, citons enfin une autre ONG, fondée dés 1977, "Les Grand-mères de la Place de Mai", qui a mis en place depuis les années 80 un vaste programme de banque de données génétiques afin de permettre à des enfants de disparus de retrouver leur famille biologique.

Sa fondatrice, Estela de Carlotto a d'ailleurs retrouvé son petit-fils l'an dernier, après 36 ans de recherche...

Les mères de mai 12.JPG

Les mères de mai 11.JPG

Les"Mères de la Place de Mai, ligne fondatrice" formait un groupe assez réduit ce jeudi 23 avril...

Les mères de mai 13.JPG

Les mères de mai 15.JPG

(Plaza de Mayo, avril 2015)

Les mères de mai 14.JPG

"L'Association des Mères de la Place de Mai" avait semble t-il à sa disposition plus de moyens : minibus, sono, tente avec vente de livres et de produits dérivés, mais également plus de "supporters". Elles étaient une dizaine de "Méres" présentes ce jour-là.

Les mères de mai 16.JPG

Les mères de mai 17.JPG

A l'origine, les foulards des Mères de la Place de Mai étaient des langes de bébés...

Les mères de mai 18.JPG

Ces "Mères de la Place de Mai", dont certaines sont maintenant très âgées, n’ont fait que deux tours...

Les mères de mai 19.JPG

Les mères de mai 20.JPG

(Plaza de Mayo, avril 2015)

Les mères de mai 21.JPG

... avant d'aller s'assoir et écouter l'orateur annoncer le programme du jeudi suivant, jour du 38e anniversaire de la première marche.

Les mères de mai 22.JPG

Pendant ce temps, l'autre association continuait de tourner, dans l'indifférence presque générale...

Les mères de mai 23.JPG

Les commentaires sont fermés.