11/07/2015
Le Palacio Barolo, à la gloire de Dante et de sa Divine Comédie
Le Palacio Barolo, avec ses cent mètres de haut, demeurera de 1923 à 1935 le plus haut immeuble d'Amérique du Sud ! Il ne sera "détrôné" qu'en 1936 par le gratte-ciel "Cavanagh" de la Plaza San Martin...
Le Palacio Barolo fait partie de ces immeubles emblématiques de Buenos Aires qui ont poussé au tout début du 20e siècle, à une époque où l'Argentine était l'une des sept premières puissances mondiales, et dont rien ne semblait pouvoir freiner le développement.
Les plus riches argentins étaient généralement issus d'anciennes familles qui détenaient à la fois les titres, les terres, la presse et le pouvoir, mais on trouvait également parmi eux un nombre croissant "d'immigrés" qui avaient réussi dans les affaires, tel l'Italien Luis Barolo, magnat du textile.
Ce dernier rencontre l'architecte Mario Palanti en 1910. Ils sont tout deux italiens, frères de loge et grands admirateurs du Florentin Dante Alighieri, l'un des poètes majeurs de la pré-renaissance. Très vite dans leur esprit va germer l'idée de construire un édifice à la gloire du poète et de son chef d’œuvre : La Divine Comédie.
Comme ils ne sont pas à court d'imagination, ils espèrent même en secret terminer les travaux en 1921, date du 600 anniversaires de la mort du poète, afin de rapatrier d'Italie ses ossements, et les déposer au cœur de l'édifice.
Le Palacio devient vite un ouvrage détonnant à Buenos Aires. De par sa taille bien évidemment (100m de hauteur alors que ses voisins de l'Avenue de Mayo sont alors limités à 28!), sa symbolique, mais aussi par un style indéfini qui mêle l'art nouveau, le gothique, le néo-romantisme jusqu'aux fulgurances plutôt hindous de la coupole dans laquelle l'architecte place un phare d'une puissance de 300 000 bougies censée porter jusqu'à Montévidéo (vu que la capitale uruguayenne se trouve à 200km de là, j'ai évidemment des gros doutes!).
Ce "Palais de bureaux" sera finalement inauguré en 1923 quelques mois après la mort "mystérieuse" de Barolo, et les ossements de Dante se trouvent, eux, toujours à Ravenne...
Je ne suis pas expert en cabale ou en ésotérisme, et je ne vais pas vous citer tous les chiffres de la constructions qui tournent (ou semble tourner parfois!) autour de PI, des nombres parfaits, du Nombre d'Or ou, tout simplement, de la symbolique de la Divine Comédie !
On se contentera dans un premier temps de constater que l'édifice mesure pile-poil 100m de hauteur, comme les 100 chants de la Divine Comédie ; qu'il comporte 22 étages correspondant au nombre total de strophes du poème ; que le sous-sol et le rez-de-chaussée correspondent à l'Enfer (il y a d'ailleurs 9 voûtes dans le grand hall qui correspondent au 9 cercles de l'Enfer) ; les premiers quatorze étages forment le Purgatoire et les 8 derniers (du 15 au 22e), du nombres des planètes identifiées par Dante, représentent le Paradis ! Le phare, qui représente l'Empirée, n'atteint pas le 23e étage (on peut approcher Dieu, mais pas arriver à sa hauteur) ; il symbolise l'union tantrique entre Dante et sa muse Béatrice.
Si tout l'immeuble est parsemé de citations latines et autres ornements symboliques, seul l'immense rez-de-chaussée est richement décoré. C'est là que l'on découvre, entre autres, les sculptures en bronze des condors et des dragons de l'Enfer qui donnent à l'ensemble un faux air de Gotham City!
Le sol en marbre vert (passé), rouge et blanc du hall, aux couleurs du drapeau italien, est censé rappeler les origines du poète...
Fini le Purgatoire, à partir du quinzième étage, on est enfin au Paradis...
Même le nombre d’ascenseurs n'a pas été laissé au hasard, pas plus d'ailleurs que le nombre d'étages qu'ils déservent !
Vue du Congreso depuis le Palacio Barolo
Comme on ne prête qu'aux riches, et que l'imagination peut être très fertile dès que l'on évoque Dante (voir le roman "Inferno" de Dan Brown), certains n'ont pas hésité à attribuer l'installation de la sculpture du Penseur de Rodin, sise à 250m du Palacio (au bout de la Plaza Congreso), à Luis Barolo, histoire pour lui de parfaire son oeuvre !
Le Penseur apparait en effet pour la première fois comme un élément central de la fameuse Porte de l'Enfer de Rodin !
Il n'en est rien puisque la-dite sculpture a été commandée par la ville de Buenos Aires dès 1906 (du vivant de l'artiste qui signe d'ailleurs là le 3e exemplaire de l’œuvre) et devait être placée à l'origine sur les marches du Congrès argentin.
La vue sur la ville est assez époustouflante et porte jusqu'au Rio de la Plata. On aperçoit également, sous une autre perspective, l'un des deux portraits géants d'Eva Peron arrimés depuis 2011 sur un immeuble du Ministère de la Santé.
Le dernier et étroit escalier qui mène au Phare
Notons enfin que, contrairement à ce qui est souvent repris, le phare originel ne comptait pas 300 000 bougies (ç’aurait été un peu long à allumer!) mais une "puissance" équivalente à 300 000 bougies. Je ne sais pas combien d'ampoules il y avait à l'origine, mais une seule est aujourd'hui présente.
Il paraît que lors des visites nocturnes, le guide appui sur "On" !!!
18:17 Publié dans Buenos Aires, musée | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Bonsoir
C'est un plaisir de vous retrouver depuis la semaine dernière.
Bonne fin de journée.
Écrit par : Françoise | 11/07/2015
Je vous remercie,
j'ai revécu avec plaisir ma visite au Palacio Barolo d'avril 2014!
J'ai eu la chance de l'effectuer de nuit...magique!
Écrit par : Claire | 13/08/2015
Je vous remercie,
j'ai revécu avec plaisir ma visite au Palacio Barolo d'avril 2014!
J'ai eu la chance de l'effectuer de nuit...magique!
Écrit par : Claire | 13/08/2015
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