14/09/2014
Rio (Henriville), capitale de la France Antarctique
Bon, je l'admet, le titre de ce post est provocateur et un brin réducteur !
Mais si la France Antarctique n'avait pas été un échec, Rio de Janeiro s'appellerait peut-être aujourd'hui Henriville, et on parlerait français dans tout le Brésil !
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La Baie de Guanabara, bien que découverte en 1502 par des marins Portugais, était avant tout un territoire contrôlé par les indiens Tamoyos, faisant parti d'un ensemble plus vaste de tribus Tupi (ou Tupinambas).
Ces derniers étaient loin d'êtres des anges (guerriers hors pair mais aussi cannibales à leurs heures) et les Portugais se contentèrent longtemps de seulement longer les côtes et d'y faire un peu de commerce.
Ce début de 16e siècle est pour le moins tourmenté : les Espagnols et les Portugais, qui possèdent les flottes les plus puissantes, se sont partagés unilatéralement le Nouveau Monde en 1494 (le fameux traité de Tordesillas!), et avec la bénédiction du Pape !
Les Français, Les Anglais ou bien encore les Hollandais se voient alors refuser tout droit sur ces nouvelles terres !
François Ier, qui ne digère pas les termes de ce traité, envoie dès 1523 plusieurs expéditions sur les côtes brésiliennes. En 1555, avec l'appui d'Henri II (et de sa favorite, Diane de Poitier), le vice-amiral de Villagagnon quitte la France pour aller fonder la France Antarctique. Il choisit la baie de Guanabara et y construit le Fort Coligny (sur une île qui abrite désormais l’École Navale et qui jouxte l’aéroport national Santos Dumont, construit sur des terres gagnées sur la mer).
Puis Villagagnon s’attelle, dès 1556, à l'installation de sa petite colonie, forte d'environ 600 Français, sur la terre ferme, aux alentours de l'actuelle Plage de Flamengo.
Il la baptise alors "Henriville", nom quelle portera quelques années avant de devenir... Rio de Janeiro!
La plage de Flamengo, aux abords de laquelle fut fondée Henriville. A moins de 2km de là, à droite de l'aéroport Santos Dumont, on trouve la petite île de Villagagnon ou avait été édifié le Fort Coligny.
Si les Français semblent mieux s'y prendre avec les populations indigènes que ne le faisaient les Portugais, c'est la religion qui, une fois de plus, va apporté son gros grain de sable : Villagagnon accepte en effet sans rechigner la venue de nouveaux colons d'obédience calviniste. Il ne sait pas encore que ceux-ci cherchent en fait de nouvelles terres pour y installer les protestants en exil.
Villagagnon ne désire pas rompre avec le catholicisme et la situation dégénère vite entre les deux obédiences. Ce sont là parmi les prémices des guerres de religions qui vont déchirées la France (et l'Europe) pendant près de 40 ans !
En moins de quatre ans, la toute jeune colonie s’effondre avant d'être finalement anéanti en 1560 par la marine portugaise.
C'en est définitivement terminé des rêves d'une France Antarctique...
Cette conquête "manquée" est la trame du fameux roman Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin, prix Goncourt en 2001.
Afin de mieux comprendre les quelques posts qui suivront, voici une carte de la ville indiquant les principales "attractions" de Rio :
En bleu, de gauche à droite : Le Pain de Sucre, Le Centro et Lapa (la vieille ville en quelque sorte), Le Corcovado (et la statue du Christ Rédempteur), le stade Maracanã, le Jardin Botanique et la Forêt de Tijuca.
En rouge, les quartiers plus "modernes", dont chacun donne son nom à la plage qui le borde (dont les deux plus fameuses sont Copacabana et Ipanema).
00:38 Publié dans Brésil, En dehors de l'Argentine, Histoire géo, Voyages | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Rappel historique très intéressant.
Petite remarque : les bénédictions papales en effet n'ont pas toujours été de bon aloi.
Rappelez-vous, entre autres, celle qui fut donnée aux troupes fascistes de Mussolini en 1935, lors de l'invasion de l'Ethiopie ...
Écrit par : Richard LEJEUNE | 15/09/2014
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