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05/12/2015

Le Palacio San Martin, ex-Palacio Anchorena

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Le Palais Anchorena, racheté par l’État, devient en 1936 le siège du Ministère des Relations Extérieures et du Culte ; c'est à cette date qu'il est rebaptisé Palacio San Martin.

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 L'imposant porche d'entrée sur la Calle Arenales, fait face à la verdoyante Plaza San Martin.

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On comprend rapidement, sur ce plan, le souhait de la commanditaire, Mercedes Castellanos de Anchorena, que soit créé trois espaces de vie indépendants distribués autour d'un large patio d'honneur. 

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Depuis le magnifique patio d'honneur de forme ovale, sans aucun doute la plus belle réussite de l'architecte, on accède à la galerie couverte et aux pièces de réceptions ; le deuxième étage accueille les parties privatives et le troisième, le personnel.

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En ces années 1910, l'Argentine vit son âge d'or.

Depuis 1869 et la très controversée "Conquête du Désert", les surfaces cultivables ont été multipliées par 250 ! Les grandes familles aristocratiques, pour la plupart propriétaires terriens, se sont incroyablement enrichies. De magnifiques palais sont en construction à Retiro, Recoleta et Palermo : les Palacios Paz, Bosh (actuelle Résidence des États-Unis), Errazuriz (le musée des arts décoratifs), Ortiz Basualdo (l'Ambassade de France) et Anchorena, entre autres.... Ils seront tous inaugurés entre 1914 et 1924...

Puis viendra la dépression de 1929 et la crise économique argentine des années 30. Le 6 septembre 1930 le général Uriburu renverse le gouvernement constitutionnel, initiant alors une série de coups d'État et de gouvernements militaires qui se prolongera jusqu'en 1983...

Toutes ces familles qui ne peuvent plus mener grand train et qui n'auront vécues (en moyenne) qu'une vingtaine d'année dans leur somptueuse demeure se verront contraintes de les céder ; soit à l'état (Anchorena en 1936, Errazuriz en 1937, Paz en 38) ou à des ambassades étrangères (Bosh en 1929 et Ortiz Basualdo en 1939).

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Mais revenons à notre Palacio Anchorena...

Mercedes Castellanos de Anchorena, héritière de l'une des familles les plus riches et plus puissante d'Argentine a déjà 65 ans quand elle soumet à un jeune architecte en vogue, Alejandro Christophersen, d'origine suédoise, son projet de future demeure ; elle souhaite s'y installer avec deux de ses fils (et leur famille), ainsi qu'avec la veuve d'un troisième et demande à cette effet un plan de trois habitations indépendantes mais reliées entre-elles.

Las, la construction de l'imposant édifice accuse du retard et n'est malheureusement pas achevé pour les fêtes du centenaire de la Révolution du 8 mai 1810. Qu'à cela ne tienne, c'est à l'occasion d'un autre centenaire, celui de l'Indépendance du 9 juillet 1816, que sera donné au palais sa fête la plus mémorable.

Mercedes a 76 ans et s'éteindra quatre ans plus tard...

Comme l'ensemble des palais de style "beaux-art" (néoclassicisme coloré d'éclectisme) édifiés à Buenos Aires durant cette décennie (et bien sûr largement inspiré par l'architecture française et par la "Ville Lumière"), tous les matériaux se doivent de provenir directement d’Europe, comme les marbres d'Italie ou les parquets de Slovénie...

En 1936, l’État argentin rachète la demeure qui devient le siège du Ministère des Relations Extérieures et du Culte. Il devient le "Palacio San Martin", du nom du généralissime "libertador", héros des indépendances sud-américaines.

Depuis 1999, et l’inauguration (juste de l'autre côté de la rue) d'un building en verre qui accueille les différents services du ministère, le palais est surtout maintenant utilisé à des fins d'apparat. 

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 C'est à l'occasion d'une réception donnée l'an passé pour le lancement de l'exposition qui relatait le voyage de De Gaulle en 1964 (un périple qui avait conduit le Général durant trois semaines à travers 10 pays d'Amérique latine), que j'ai pu découvrir une partie de l'intérieur du palais...

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 En haut des marches du patio d'honneur trône un buste de San Martin.

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A gauche, l'immeuble tout de verre vêtu qui accueille les services du ministère.

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Vu que je travaille juste à côté (et cela depuis maintenant trois ans), j'ai dû passer des centaines de fois devant la palais ; je reste pourtant encore à chaque fois impressionné, plus d'ailleurs par la puissance et la richesse que dégage l'édifice plutôt que par son élégance ; et il m'est toujours aussi difficile de réaliser que cette "masse" architectonique n'a finalement été construite, il y a juste 100 ans, que pour accueillir une dizaine de locataires ! (hors le petit personnel, bien sûr).

13/11/2015

Visite (partielle) du Congreso

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El Congreso, novembre 2015

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Sur ce plan, on découvre les parties du parlement bicaméral qu'il est possible de visiter : les 2 hémicycles, quatre salons et la Bibliothèque.

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Le Grand Hall et sa verrière au vitrail allégorique. Un violent orage ayant fragilisé la structure, un filet de sécurité (malheureusement peu esthétique) a été tendu au niveau de la galerie du premier étage.

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Au centre du Congreso, le Salon "azul" (bleu, du nom de la couleur des fauteuils !) est dominé par la coupole, étonnamment moins impressionnante vu de l'intérieur que de l'extérieur !

Les 24 figures féminines de la base mesurent tout de même près de trois mètres de hauteur !

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Le câble de l'énorme lustre en bronze à lui aussi quelques problèmes, d'où cet échafaudage en vue de sa restauration...

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Autant le dire tout de suite, ce fut une visite un brin décevante ; et qui de plus avait nécessité que je prenne un jour de congé, le bâtiment n'étant accessible qu'en semaine !

Décevante parce que pour diverses raisons (événement, restauration, etc...), je n'allait pas pouvoir visiter ce jour là, ni la Chambre des députés, ni la Salle des pas perdus, ni la bibliothèque, trois des pièces maitresse du bâtiment.

Douché donc dès le début, la suite n'a pas été non plus à la hauteur de mes espérance, malgré le très beau Salon Bleu défiguré toutefois par un échafaudage : l’hémicycle des sénateurs paraissait plutôt défraichi (verrière sale et peinture écaillée), et le Salon Rose sans vraiment grand intérêt.

Choisissez plutôt de visiter la Casa Rosada qui à défaut d'être exceptionnelle, est nettement plus intéressante (et en plus c'est ouvert le WE !).

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 Dans un coin du Salon Azul, une vitrine abrite parait-il  l'original de la Constitution. Est-ce celle de 1853 ? Impossible à savoir et impossible aussi de s'approcher !

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 L’hémicycle du Sénat est évidemment bien plus petit que celui de la chambre basse. J'ai été un peu dépité de voir cette pagaille de fauteuil dans un lieu qui devrait symbolisé un peu plus "l'organisation" et que vient visiter chaque semaine des dizaines d'étudiants... 

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 El Congreso, novembre 2015

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 Le "Salon Rose" (ou Salon "Eva Peron"), accolé à l’hémicycle du Sénat, paraît défraichi, même si la guide semble fiière de nous préciser que le revêtement des fauteuils datent de l'époque d'Evita ! Un buste de cette dernière, assez laid, trône d'ailleurs au fond de la salle... 

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Fin de la visite, et dernière petite visite au "Penseur" (un exemplaire issu du moule original -c'est le n°3-, réalisé du vivant de l'artiste), qui semble toujours aussi perdu au milieu de cette grande place où on l'a installé en 1907.

Gravement vandalisé en 2011, il n'a donc toujours pas retrouvé l'emplacement qui lui était promis à l'origine... tout en haut des marches du Congrès.

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04/09/2015

Le Musée historique national

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Le Musée historique national, septembre 2015

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La première salle balaye rapidement plus de 2000 ans d'histoire...

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Une partie du musée est consacrée à la présence des jésuites et leurs diverses réalisations

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A gauche, tableau de l’École Cusqueña

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Le Musée historique national, septembre 2015

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Le Musée historique national se situe tout au bout de la Calle Defensa qui, après avoir traversé du nord au sud les quartiers de Monserrat et de San Telmo, fini sa course aux frontières de La Boca.

Ce musée, à la scénographie plutôt réussie, est consacré comme son nom l'indique à l'histoire du pays, bien qu'on y découvre surtout des objets en relation avec la Révolution de Mai et la guerre d'indépendance qui s'ensuivit.

Le musée d'origine ("Musée historique de la capitale") fut créé en 1889 et trouva place en divers endroits de Buenos Aires. D'abord Calle Esmeralda, puis Calle Moreno et enfin aux abords de l'actuel Jardin botanique.

Suite à de nombreux legs, les collections prirent vite de l'importance et finirent par largement dépasser, d'un point de vue symbolique, le simple cadre "municipal" initial ; le musée devint alors rapidement "national".

C'est à cette même époque (en 1894) que la ville de Buenos Aires racheta (à prix d'ami) le domaine de la famille Lezama (voir post précédent) dont le parc (après avoir été transformé par l'incontournable Charles Thays) devint public selon les vœux du vendeur. La luxueuse demeure allait quant à elle accueillir dès 1897 le Musée historique national.

Même s'il est évoqué dans quelques-unes des salles la période antérieure à 1810, les collections sont pourtant dans l'ensemble dédiées à d'illustres militaires de la période révolutionnaire à travers des armes, des tenues, des étendards, des tableaux, des meubles et bien d'autres souvenirs leur ayant bien souvent appartenu.

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Cornes à poudre, éperons et bolas (ces dernières, liens en cuir dont les extrémité sont garnies de cailloux sont encore utilisées par les gauchos pour immobiliser les bovins)

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Le Musée historique national, septembre 2015

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L'étui du sabre de San Martin

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Avant d’accéder au "sabre" de San Martin, le visiteur doit traverser cette pièce d'un esprit résolument solennel où sont exposés dans chacune des vitrines le sabre et le pistolet d'un célèbre général !

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Le clou du spectacle reste bien évidemment la découverte ultra scénarisée du sabre du Général San Martin, véritable trésor national au yeux des Argentins.

Ce sabre, volé au musée en 1963, après de nombreuses autres péripéties, coulait des jours heureux à Palermo au fond d'un coffre du Régiment des grenadiers à cheval (un bataillon justement formé par San Martin en 1812).

Dans un désir de rendre cette relique au peuple (et sans aucune arrière pensée politique bien entendu) la Présidente avait décidé de son retour au musée à l'occasion de la dernière célébration de la Révolution de son mandat.

Après une procession militaire et télévisuelle du plus bel effet le 27 mai dernier, le sabre traversait Buenos Aires du nord au sud avec un arrêt obligé au Mausolée de San Martin (qui se trouve dans la Cathédrale, Place de Mai), histoire que l'Archevêque Poli, successeur du Pape François, le bénisse copieusement.

Une fois arrivée au musée, c'est Cristina Kirchner en personne (tel Mitterrand et sa rose au Panthéon) qui s'est chargée de conduire et de placer la vénérée relique dans sa vitrine blindée, gardée depuis par deux grenadiers en habit. 

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Le sabre du Général San Martin

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Le vitrail au plafond de la salle, avec au centre... le Général San Martin !

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Le Musée historique national, septembre 2015

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24/07/2015

El Museo del Bicentenario

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Musée du Bicentenaire, juillet 2015

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Peinture allégorique de la révolution...

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Portrait officiel d'Eva et Juan Perón, 1948

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Un restaurant...

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Le Musée du Bicentenaire à été inauguré le 24 mai 2011, soit un an après les festivités du bicentenaire commémorant la révolution de Mai 1810. Il se trouve juste derrière la Casa Rosada.

Le Musée n'est pas en soi incontournable, mais c'est surtout sa location qui revêt un intérêt historique particulier. Ses salles prennent en effet place au cœur des vestiges de la Aduana Taylor que vous avez pus découvrir dans le post précédant ; vu que ce musée est d'accès facile (et gratuit), ce serait dommage de ne pas y faire un saut à l'occasion d'une visite Plaza de Mayo.

Le musée se structure autour d'un immense hall plutôt vide (l'ancienne "cour des Manoeuvres" de l'Aduana Taylor) bordé par une quinzaine d'arches (dotée chacune d'une vidéo - voir ici- et de quelques vitrines) sous lesquelles sont développées des périodes de l'histoire argentine.

La présentation, assez didactique, glisse legerement sur la fin (on pouvait s'y attendre!) vers une idéalisation des années Kirchner : on est jamais mieux servi que par soi-même....

Cette histoire "argentine", vieille donc de seulement deux cent ans est "compartimentée" comme suit :

  • La Révolution (1810 - 1829)
  • L'Anarchie ; Rosas : le restaurateur des lois (1929 - 1961)
  • Organisation de l’État (1961 - 1890)
  • La grande immigration, l'ordre conservateur (1890 - 1916)
  • Le suffrage populaire, le radicalisme et les luttes sociales (1916 - 1930)
  • De la "décade infâme" à l'ascension de Perón (1930 - 1945)
  • Le Péronisme (1945 - 1955)
  • La révolution "Libertadora" (1955 - 1968)
  • La résistance péroniste. Organisation politique et sociale (1968 - 1973)
  • D'un gouvernement populaire au coup d'état (1973 - 1976)
  • La dictature militaire (1976 - 1983)
  • Le rétablissement démocratique et ses limites (1983 - 1989)
  • Le néolibéralisme (1989 - 2002)
  • Le rétablissement politique, économique et social (2003 - 2010)

Les petit films qui passent en boucle sous les arcades méritent qu'on s'y arrête (si on comprend l'espagnol). Les vitrines en revanche ne sont pas très "chargées", et c'est donc l'occasion rêvée de découvrir un musée dans sa totalité !

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Ce splendide écusson (aux armes des Bourbons d'Espagne, des maisons de Castille, León et Grenade, bordée de la Toison d'or) est resté en place au-dessus de l'entrée principale du Fort originel jusqu'en 1816.

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On a placé ce canon à l'endroit exact où il se trouvait sur les remparts du 17e siècle.

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Quelques maillons de la fameuse chaîne de la "Bataille de la Vuelta de Obligado" (que l'on retrouve sur le billet de 20 pesos), qui eut lieu en 1845.

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On trouve dans les premières vitrines des canes et pipes et autres objets personnels ayant appartenu aux Chefs d’État successifs...

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On trouve aussi de très nombreuses écharpes bicolores, attribut officiel des Présidents de la Nation : Alvéar, Mitre, Alcorta, Quintana, Puyredón, Pellegrini et autre Sáenz-Peña...

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La répression militaire est explicitée d'une façon laconique...

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... tout comme la résistance à la dictature qui l'est d'une façon tout aussi laconique avec ce "panuelo" d'une mère de la Place de Mai !

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Où l'on prend vraiment les visiteurs (les Argentins, quoi !) pour des chèvres, c'est dans les dernières vitrines : les présidents libéraux (précédent le Kirchnérisme) y sont "symbolisés" par des smokings, Rolex et stylo en or...

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 ...alors que l'humble et modeste Nestor Kirchner (le défunt mari de l'actuelle présidente) n'est représenté que par un sobre costume sombre et, comble de la simplicité, par ce fameux Bic noir dont on nous affirme qu'il ne se séparait jamais...

Populisme, quand tu nous tient...

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La dernière vitrine est bien évidemment pour Cristina Fernández de Kirchner, Présidente de la Nation depuis 2007 et jusqu'en octobre prochain, date de la prochaine élection présidentielle...

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Musée du Bicentenaire, juillet 2015

18/07/2015

La Plaza de Mayo et le Fort de Buenos Aires, de 1700 à 1900

En préambule au prochain post où il sera question du "Musée du Bicentenaire", je vous propose un petit montage réalisé à partir de "captures d'écran" d'un film qui est justement proposé en boucle dans le dit musée.

Cette vidéo interactive raconte l'évolution des alentours de la Place de Mai, où le Fort d'origine laisse place au fil des siècles à l'actuelle Casa Rosada, siège du Gouvernement.

On comprend mieux ainsi comment le bâtiment des Douanes (Aduana Nueva ou Aduana de Taylor) construit en 1855 a presque aussitôt disparu (en 1895), après seulement une quarantaine d'années de service !

Le Musée du Bicentenaire prend aujourd'hui place au cœur d'une partie des ruines réhabilitées de cette fameuse douane....

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Le Rio de la Plata, Le Fort (qui date de 1595) et la Place de Mai

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A l'intérieur du Musée, on a replacé deux canons à l'endroit même où ils se trouvaient sur le fortin d'origine !

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L'actuelle Casa Rosada s'inscrit parfiatement dans ce qu'était les limites du fort originel !

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Année charnière : on trouve encore la porte d'entrée du fort, ultime vestige, et, derrière la "Casa de Gobierno", la toute nouvelle Douane....

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Le Musée du Bicentenaire prend en partie place dans la cour dite "des maneuvres", entre l'ancien bâtiment semi-circulaire des douanes et l'actuelle Casa Rosada.

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En 1855, la douane semi-circulaire de Taylor était le premier bâtiment de Buenos Aires gagné sur le Rio. On voit sur ce montage que cette avancée sur le fleuve n'a pas cessé depuis, avec Puerto Madero et la "Réseve écologique", repoussant les berges du Rio à plus de deux kilomètres à l'est du Fort originel.

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En 1895, les Douanes de Taylor sont détruites...

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11/07/2015

Le Palacio Barolo, à la gloire de Dante et de sa Divine Comédie

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Le Palacio Barolo, avec ses cent mètres de haut, demeurera de 1923 à 1935 le plus haut immeuble d'Amérique du Sud ! Il ne sera "détrôné" qu'en 1936 par le gratte-ciel  "Cavanagh" de la Plaza San Martin...

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Le Palacio Barolo, mai 2015

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Le Palacio Barolo fait partie de ces immeubles emblématiques de Buenos Aires qui ont poussé au tout début du 20e siècle, à une époque où l'Argentine était l'une des sept premières puissances mondiales, et dont rien ne semblait pouvoir freiner le développement.

Les plus riches argentins étaient généralement issus d'anciennes familles qui détenaient à la fois les titres, les terres, la presse et le pouvoir, mais on trouvait également parmi eux un nombre croissant "d'immigrés" qui avaient réussi dans les affaires, tel l'Italien Luis Barolo, magnat du textile.

Ce dernier rencontre l'architecte Mario Palanti en 1910. Ils sont tout deux italiens, frères de loge et grands admirateurs du Florentin Dante Alighieri, l'un des poètes majeurs de la pré-renaissance. Très vite dans leur esprit va germer l'idée de construire un édifice à la gloire du poète et de son chef d’œuvre : La Divine Comédie.

Comme ils ne sont pas à court d'imagination, ils espèrent même en secret terminer les travaux en 1921, date du 600 anniversaires de la mort du poète, afin de rapatrier d'Italie ses ossements, et les déposer au cœur de l'édifice.

Le Palacio devient vite un ouvrage détonnant à Buenos Aires. De par sa taille bien évidemment (100m de hauteur alors que ses voisins de l'Avenue de Mayo sont alors limités à 28!), sa symbolique, mais aussi par un style indéfini qui mêle l'art nouveau, le gothique, le néo-romantisme jusqu'aux fulgurances plutôt hindous de la coupole dans laquelle l'architecte place un phare d'une puissance de 300 000 bougies censée porter jusqu'à Montévidéo (vu que la capitale uruguayenne se trouve à 200km de là, j'ai évidemment des gros doutes!).

Ce "Palais de bureaux" sera finalement inauguré en 1923 quelques mois après la mort "mystérieuse" de Barolo, et les ossements de Dante se trouvent, eux, toujours à Ravenne...

 

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Je ne suis pas expert en cabale ou en ésotérisme, et je ne vais pas vous citer tous les chiffres de la constructions qui tournent (ou semble tourner parfois!) autour de PI, des nombres parfaits, du Nombre d'Or ou, tout simplement, de la symbolique de la Divine Comédie !

On se contentera dans un premier temps de constater que l'édifice mesure pile-poil 100m de hauteur, comme les 100 chants de la Divine Comédie ; qu'il comporte 22 étages correspondant au nombre total de strophes du poème ; que le sous-sol et le rez-de-chaussée correspondent à l'Enfer (il y a d'ailleurs 9 voûtes dans le grand hall qui correspondent au 9 cercles de l'Enfer) ; les premiers quatorze étages forment le Purgatoire et les 8 derniers (du 15 au 22e), du nombres des planètes identifiées par Dante, représentent le Paradis ! Le phare, qui représente l'Empirée, n'atteint pas le 23e étage (on peut approcher Dieu, mais pas arriver à sa hauteur) ; il symbolise l'union tantrique entre Dante et sa muse Béatrice.

Si tout l'immeuble est parsemé de citations latines et autres ornements symboliques, seul l'immense rez-de-chaussée est richement décoré. C'est là que l'on découvre, entre autres, les sculptures en bronze des condors et des dragons de l'Enfer qui donnent à l'ensemble un faux air de Gotham City!

Le sol en marbre vert (passé), rouge et blanc du hall, aux couleurs du drapeau italien, est censé rappeler les origines du poète...

 

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Fini le Purgatoire, à partir du quinzième étage, on est enfin au Paradis...

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Même le nombre d’ascenseurs n'a pas été laissé au hasard, pas plus d'ailleurs que le nombre d'étages qu'ils déservent !

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Vue du Congreso depuis le Palacio Barolo

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pensador.jpgComme on ne prête qu'aux riches, et que l'imagination peut être très fertile dès que l'on évoque Dante (voir le roman "Inferno" de Dan Brown), certains n'ont pas hésité à attribuer l'installation de la sculpture du Penseur de Rodin, sise à 250m du Palacio (au bout de la Plaza Congreso), à Luis Barolo, histoire pour lui de parfaire son oeuvre !

Le Penseur apparait en effet pour la première fois comme un élément central de la fameuse Porte de l'Enfer de Rodin !

Il n'en est rien puisque la-dite sculpture a été commandée par la ville de Buenos Aires dès 1906 (du vivant de l'artiste qui signe d'ailleurs là le 3e exemplaire de l’œuvre) et devait être placée à l'origine sur les marches du Congrès argentin.

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La vue sur la ville est assez époustouflante et porte jusqu'au Rio de la Plata. On aperçoit également, sous une autre perspective, l'un des deux portraits géants d'Eva Peron arrimés depuis 2011 sur un immeuble du Ministère de la Santé.

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Le dernier et étroit escalier qui mène au Phare

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Notons enfin que, contrairement à ce qui est souvent repris, le phare originel ne comptait pas 300 000 bougies (ç’aurait été un peu long à allumer!) mais une "puissance" équivalente à 300 000 bougies. Je ne sais pas combien d'ampoules il y avait à l'origine, mais une seule est aujourd'hui présente.

Il paraît que lors des visites nocturnes, le guide appui sur "On" !!!

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 Le Palacio Barolo, mai 2015

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 Le site officiel des tours guidés

21/05/2015

Le Musée Ethnographique Juan B. Ambrosetti

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(Musée Ethnographique, Buenos Aires, mai 2015)

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Le Musée a acquit en 1908 ces deux rares exemplaires de costume de danse couvert de plaque d'argent. Ils proviennent de la région de Sucre en Bolivie, et étaient utilisés lors de procession religieuses à la période coloniale.

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Le corridor qui mène à la cour centrale désert une réserve qui abrite une impressionnante collection de 2 500 pièce de textile, d'art plumaire, d'armes, d’instruments, mais aussi de sculptures en bois et de céramiques provenant d'Asie, d'Afrique ou d'Océanie. Cette réserve ne se visite malheureusement que le mardi, entre 14 et 17 heures !

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C'est au sous-sol de la Faculté des Lettres et de Philosophie, Viamonte 430, que  prit place en 1904 le premier musée ethnographique de Buenos Aires. Le lieu, à vocation essentiellement universitaire à son origine ne fut ouvert (en partie) au public qu'en 1918.

En 1927, dans un souci d'offrir aux chercheurs un lieu plus adapté mais aussi un bel écrin aux collections qui commençaient à s'étoffer, on déménagea le musée à son emplacement actuel, Moreno 350 (quartier de Montserrat), dans un joli immeuble italianisant construit dans les années 1870 pour la Faculté de droit. Le musée porte aujourd'hui le nom de Juan Bautista Ambrosetti, pionnier argentin de l’anthropologie et premier directeur de l’institution, dont les cendres furent dispersée en 1917 au pied du pukara de Tilcara.

J'ai vite déchanté, lors de ma visite, croyant un instant qu'il n'y avait que les trois salles du rez-de-chaussée à visiter, et que la "réserve", probablement très riche, était fermée (elle n'est ouverte en fait que deux heures par semaine , le mardi, c'est ballot!).

C'était sans compter sur la très interessante salle du premier étage (fermée elle aussi mais qui allait ouvrir quelques minutes plus tard), qui abrite l'exposition "de la Puna au Chaco". Cette dernière vaut à elle seule le détour si tant est que vous vous interressiez de près ou de loin à l'histoire pré-inca.

-Site officiel du musée-

 

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Une salle présente des objets variés venant des quatre coins du monde...

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Cette autre salle est consacrée exclusivement au quatre peuples de la Terre de feu (les Yamanas, Alakuf, Selkman et Haush) et aux conséquence de l'arrivée des premiers "hommes blancs" au 19e siècle.

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(Musée Ethnographique, Buenos Aires, mai 2015)

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La salle la plus intéressante et la plus "muséifiée" se trouve au premier étage du bâtiment. Elle se présente sous la forme d'une mini-exposition qui s'intitule "de la Puna au Chaco, une histoire précolombienne", et est divisée en quatre thèmes : les débuts de la vie agraire, la complexité sociale, la concentration du pouvoir et la naissance de "l'Etat"... 

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Céramique Nazca

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Céramiques Mochicas

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(Musée Ethnographique, Buenos Aires, mai 2015)

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Superbes cuchimilcos de la Culture Chancay

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Depuis la cour ombragée, on accède par un magnifique portique à la bibliothèque qui conserve environ 70 000 ouvrages, réservés malheureusement aux seuls chercheurs...

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(Musée Ethnographique, Buenos Aires, mai 2015)

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13/05/2015

Le Musée Carlos Gardel

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(Rue Jean Jaurès, Buenos Aires, mai 2015)

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Seules quelques façades du quartier surfent sur la vague "années 20""...

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Le "PH" de la rue Jean Jaurès qu'acheta en 1927 Berthe Gardes (Berta Gardés de son vrai nom), la mère de Carlos. Le PH (propriedad horizontal) est un type d'habitation tout en longueur typique de Buenos Aires, généralement doté d'une cour, d'un étage et d'une terrasse...

On appelle aussi ce type d'appartements "casa de chorizo" (maison saucisse) !

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Buenos Aires ne pouvait faire l'impasse d'un lieu de mémoire dédié à l'un des Argentins les plus célèbres au monde à l’instar d'Eva Perón, de Che Guevara, de Fangio, Maradona, Messi, et maintenant le Pape François! 

Le petit musée consacré à Carlos Gardel se trouve à Abasto, un  quartier situé à la frontière des barrios d'Almagro et de Balvanera ; il prend place dans la petite maison qu'acheta la mère de l'artiste en 1927.

Carlos Gardel a t-il  lui aussi vécu dans cette maison ? Mystère !

De toute façon, il y a tellement de zones d'ombres dans la vie de l'artiste que l'on n'est plus à une près, et même ses biographes, 80 ans après sa mort, en sont encore à se crêper le chignon!

Le "pibos Carlito" (le gamin Carlito) ou le "francesito" (le petit français : il est en effet arrivé à Buenos Aires avec sa mère à l'âge de deux ans) eut semble t-il maille à partir avec les services de police (pour escroquerie) durant ses jeunes années.

Une fois célèbre, il s'ingénia donc à brouiller les pistes, jusqu'à tenter de faire détruire son casier judiciaire (avec l'aide du Président de l'époque). Il s'est appelé tour à tour Gardes, Gardès, Gardez et enfin Gardel. Si l'on sait maintenant avec certitude qu'il naquit en 1890 à Toulouse, il déclara pourtant quelques fois être né en Uruguay et d'autres fois encore à La Plata, en Argentine!

Ces déclarations plus que contradictoires allaient faire oublier un temps ce passé peu glorieux mais aussi, de fait, favoriser la naissance d'un mythe. Sa vie privée fut d'ailleurs tout aussi mystérieuse (ou secrète, c'est selon) au point que certains ont prêté à ce célibataire endurci quelque "amitié particulière" !

Quoiqu'il en soit, ce n'est pas dans ce musée que vous trouverez des réponses. La présentation y est factuelle mais lisse : on y découvre bien entendu le légendaire interprète de Tango, mais aussi l'acteur de cinéma ou bien encore le passionné de turf et de chevaux ; le tout agrémenté de moult coupures de presse, de vinyles, de photos et de quelques objets personnels.

On y évoque aussi longuement sa mort tragique survenue en 1935, au sommet de sa gloire, lors d'un crash entre deux avions sur le tarmac de l'aéroport de Medellín.

Une légende était née...

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Gardel repose aujourd’hui au cimetière de Chacarita

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(Musée Carlos Gardel, mai 2015)

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(Musée Carlos Gardel, mai 2015)

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« El Morocho del Abasto » (Le brun de l’Abasto)

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Dans la salle du fond passent en boucle quelques extraits de films dans lesquels il jouait et chantait.

Une petite pièce, dédié à sa mère (qui était repasseuse), nous suggère l'enfance plutôt modeste de Gardel... 

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L'escalier mène aux pièces du premier étage ainsi qu'à la terrasse

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30/04/2015

Le Palacio Paz

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La façade, sur la Plaza San Martin, et la monumentale entrée du Palacio Paz

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L'escalier de marbre et de bronze mène au vestibule d'honneur

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Une sculpture en marbre de Carrare du Français Raoul-François Larche, "La Vendange" (placée aujourd'hui sous l'escalier qui mène aux étages), accueillait le visiteur.

Depuis que le palais est le siège du Cercle militaire, elle a été remplacée par un portrait ainsi par une réplique du sabre du Général San Martin...

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(Palacio Paz, Avril 2015)

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Le vestibule dessert sur la droite le long couloir renaissance qui mène à la grande salle d'honneur, et sur la gauche l'enfilade de salons qui donnent sur la Place San Martin, à commencer par l'antichambre...

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La salle de bal, grande de près de 150m², est inspirée de la galerie des glaces de Versailles et recouverte de boiseries aux motifs dorés à la feuille d'or. Une estrade accueillait les musiciens qui faisaient danser les invités au son des dernières musiques à la mode. Tout ici respire le luxe aristocratique, des sols superbement marquetés jusqu'au lustres en bronze et cristal de Baccarat.

 
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C'est à José Camilo Paz, riche propriétaire terrien (descendant d'une des plus anciennes familles du temps de la conquête espagnole), journaliste (fondateur en 1869 du journal La Prensa, le quotidien le plus important d'Argentine jusque dans les années 1940), homme politique (qui visait certainement la plus haute charge du pays) et diplomate (il fut ambassadeur à Paris de 1885 à 1893), que l'on doit la construction de ce qui fut (et sans doute reste) la plus grande résidence privée d'Argentine.

Avec 12 000², 140 pièces (et 7 ascenseurs), son grand jardin d'hiver, ses écuries, son garage, etc.., José Camilo avait vu grand, et cela juste pour y loger sa petite famille! (bon, d'accord! il y avait aussi les 70 à 80 employés de maison nécessaire pour faire fonctionner et reluire le tout!)

C'est lors d'un voyage à Paris en 1900 qu'il charge l'architecte Louis-Marie Henri Sortais de lui dessiner les plans de son futur palais. fasciné par la culture française, il ne recule devant aucune dépense pour recréer à Buenos Aires son rêve d'excellence. La plupart des matériaux (boiseries, parquets, ferronneries, bronzes, lustres, mobilier, sculptures, etc...) proviendront directement de France (mais aussi d'Italie pour les marbres) où ils seront préalablement taillés, ciselés, sculptés, fondus, avant de traverser l'Atlantique pour être y être réassemblés...

La construction dura douze longues années, de 1902 à 1914 et ni l’architecte (mort en 1911) ni José Camilo Paz (mort en 1912) ne découvriront le projet terminé ! Ce sont sa femme et ses deux enfants qui hériteront du palais et y vivront jusqu'en 1938.

La crise de 29 étant passée par là, la famille Gainza Paz n'est plus vraiment en mesure de conserver ce joyau, véritable gouffre financier. Il est alors mis en vente, et c'est l’État argentin qui s'en porte acquéreur la même année. Il y installera le Cercle militaire, la Bibliothèque Nationale militaire et le musée des armes. 

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Parallèlement aux boiseries blanc et or de la salle de bal s'étire le long corridor de style renaissance français. Les tons rouge sombre des damassés en soie répondent au mobilier de noyer finement sculpté et patiné par le temps.

On fini vite par s'habituer, au cours de la visite, à ces changement stylistiques parfois déconcertants mais néanmoins habituels dans ce type de palais construits en Argentine en ce début de 20e siècle! 

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A la gauche du corridor la salle-à-manger principale, toujours de style renaissance français. 

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La pièce majeure de cette salle-à-manger est sans nul doute l'imposante cheminée d'où se détachent, à la mode des cariatides, les figures de Diane et de Jupiter. Tout comme pour le corridor, c'est un ébéniste français, Perchaux, qui a réalisé en France l'ensemble de ces fines sculptures.

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Nous retraversons le corridor renaissance français pour découvrir le salon de musique (qui jouxte en fait la salle de bal) dont la principale qualité réside en son extraordinaire acoustique. Pour ce faire, l'architecte a limité les accès (jusqu'à créer de fausse portes) et réduit ceux existants à leur plus simple expression, de quoi juste permettre aux invités de passer ! Il a ensuite recouvert l'ensemble des murs de boiseries, idéales pour réverbérer le son. Il a enfin banni tout les angles droits de la pièce et même le plafond est légèrement bombé...

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On accède, depuis le salon de musique, à la salle "des dames" où se réunissaient généralement, comme son nom l'indique, les invitées de la veuve de M.Paz. On remarquera dans cette pièce plus "féminine" le tympan des portes décorés de délicates peintures à l'huile.

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(Palacio Paz, Avril 2015)

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La seconde salle-à-manger (placée près d'une bibliothèque et donc prévu à l'origine pour être un bureau) nous offre un bel exemple du fameux style éclectique : médiéval, gothique, renaissance, tout se mélange un peu, jusqu'au très beaux vitraux plutôt Art-nouveau des portes coulissantes ! 

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Jusque là, je me disais que ce palais ressemblait, somme toute, à quelques autres déjà visité ; jusqu'à ce que je découvre le dernier salon de la visite (on pourrait même dire le clou de la visite!) : le grand salon d'honneur !

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La coupole, doublée à l'extérieur, offre en fait un éclairage tout électrique, indispensable vu les proportions de la pièce !

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Alors que cette salle n'est en définitive "que" le salon d'honneur d'un (riche) hôtel particulier, on l'imaginerait plutôt sortie des rêves d'un prince ou d'un roi mégalomane. Tout n'est ici que marbre et or, dans une palette qui défie l'imagination ; C'est certainement la plus impressionnante (ubuesque?) salle de réception de toute l'Argentine ! 

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Là aussi le style est baroque, rococo, Louis XIV (les colonnes et les pilastres notamment), éclectique, indéfinissable en fait !

Avec 16 mètres de diamètre et une coupole (Art-nouveau, mais avec l'emblème du Roi Soleil en son centre!) qui culmine à 21 mètres, c'est peu dire que l'on se sent tout petit dans ce grand salon tout rond.

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(Palacio Paz, Avril 2015)

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Une superbe mosaïque de marbres italiens recouvre le sol

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Une des portes du grand hall donne directement sur la cour intérieur du palais

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Un étonnant marbre "rayé" donne l'impression que des tentures encadrent les portes !

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La grande salle d'honneur donne sur la cour du Palais dont les façades paraissent d'un coup plutôt sobres et classiques.

José Camilo Paz avait souhaité construire une résidence, certes luxueuse mais néanmoins résolument urbaine, où un grand jardin n'avait apparemment pas sa place...

24/04/2015

Le Musée Evita

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(Musée Evita, avril 2015)

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Le bâtiment (un mélange de style baroque et renaissance) qui abrite le Musée Evita date en grande partie de 1923. On le trouve Calle Lafinur 2988, dans la manzana coincée entre le Zoo et le Jardin Botanique.

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(Musée Evita, avril 2015)

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Un ton solennel, voire sacré, est donné dès l'entrée... (ci-dessous le masque mortuaire d'Evita)

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La Fondation Eva Perón achète cette demeure en 1948 afin d'y installer un centre d’accueil pour des femmes en difficulté. Il sera connu sous la dénomination de "Hogar de transito n°2".

En 1955, suite au putsh qui renverse son mari, le Président Juan Perón, les militaires exproprie la Fondation et installent à la place des bureaux administratifs.

Il faudra attendre 1999 pour voir revenir en ces lieux le souvenir d'Eva : dans un premier temps c'est l'"Institut d'investigation Evita Perón" qui occupe le bâtiment, en attendant l'ouverture d'un musée qui sera inauguré le 26 juillet 2002, soit 50 ans jour pour jour après sa mort.

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Le Hall du premier étage est la plus grande pièce de la maison.

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De petits neveux et nièces d'Evita étant à l'origine du musée, il n'est pas étonnant qu'il soit tout entier dédié à la gloire de leur grand-tante et qu'aucune aspérité ne doit venir troubler une souvenance par trop idéalisé : son enfance "pauvre" est rapidement expédiée, ses œuvres caritatives sont mises en avant mais sans trop de chiffres à l'appui, et son combat contre la maladie (cancer de l'utérus), qui allait l'emporter à 33 ans, à peine mentionné.

Le parcours du musée est pourtant bien fait et assez agréable à parcourir : D'abord son enfance, puis sa période "artiste" à la radio et au cinéma, la rencontre avec Perón et son engagement politique et social, sa "présidence", ou encore son engagement en faveur de l'émancipation et du droit de vote des femmes.

Une salle est également dédiée à une biographie qu'elle a signée mais pas écrite, "La Raison de ma vie", un livre qui fut d'ailleurs largement retoqué par Perón (pour mieux coller au péronisme) avant d'être publiée en 1951, quelques mois avant sa mort. 

Le tout est agrémenté de nombreuses robes et objets personnels, livres, affiches, tracts et autres vidéos...

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(Musée Evita, avril 2015)

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Le "patio andalou"

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(Musée Evita, avril 2015)

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Des jouets d'époque...

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Le "Industria Argentina" (made in Argentina), l'un des remèdes du péronisme pour limiter la dégradation économique est encore largement d'actualité (voir cette page FB de l'actuel Gouvernement).

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La cuisinière originale du "Hogar de transito n°2"...

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... et la tout aussi originale Vierge de Lujan qui trônait dans la chapelle.

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Sainte Evita !

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Et enfin quelques kitschissime souvenirs à l’effigie de l'Icône Argentine...

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On trouve également dans le patio de la jolie demeure un très agréable restaurant-terrasse.

15/04/2015

Le Musée d'Art Espagnol Enrique Laretta

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(Musée Laretta, avril 2015)

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La facade du musée, au 2291 Juramento

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Le salon principal de la maison...

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Détail du dessus de la cheminée

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A l'occasion de ma petite virée avec le bus touristique "jaune" (voir ICI et LA), j'avais programmé un seul arrêt : le Musée d'Art Espagnol Enrique Laretta à Belgrano. Il faut dire qu'à 10 pesos l'entrée (environ 1 euro), je ne prenais aucun risque inconsidéré !

Enrique Laretta, écrivain et diplomate (il fut ambassadeur à Paris entre 1910 et 1919), s'était marié en 1903 à Josefina Anchorena, issue d'une des familles les plus riches et en vue de Buenos Aires (le splendide Palacio San Martin, qui se trouve sur la place éponyme, fut d'ailleurs commandité par sa mère, Mercedes Castellanos de Anchorena).

Construit en 1886 pour Francisco Chas (un neveu du Général Belgrano), l'actuel musée n'était au départ qu'une agréable maison de campagne. Mercedes Anchorena l'acquit dix ans plus tard avant de l’offrir en 1916 au jeune couple en cadeau de mariage . La maison et les jardins furent alors remaniés jusqu'à occupé la totalité de la manzana (le pâté de maison), soit un rectangle de 120m sur 100m.

L'architecte en charge du projet n'était autre que Martin Noël, à qui l'on doit également la maison d'Isaac Fernandez Blanco, à Retiro, l'autre musée d'Art hispano-américain de Buenos Aires...

Quatre générations vécurent ici jusqu'à la mort d'Enrique Laretta en 1961 ; il avait alors 86 ans...

Il avait constitué durant toutes ces années une impressionnante collection d’œuvres d'art des 16e et 17e siècle qui fut léguée à la ville (tout comme la maison) par ses enfants.

En 1962, le musée ouvrait ses portes...

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(Museo de Arte Español Enrique Laretta, avril 2015)

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Ce sont certainement les œuvres religieuses en bois polychrome (retables, autels et autre triptyque) qui sont les plus remarquables.

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Le jardin, de style andalou, quadrillé par des allées de buis, offre une grande variété d'essences : ginkgos, glycines et autres palmiers...

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(Museo de Arte Español Enrique Laretta, avril 2015)

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25/10/2014

Le Musée d'Art hispano-américain

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(Museo de Arte hispanoamericano, octobre 2014)

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El Palacio Noel, 1422 calle Suipacha

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Quel meilleur écrin pouvait-on imaginer pour abriter la collection d'Isaac Fernandez Blanco que cette maison néocoloniale construite par l'architecte Martín Noel. Ce dernier était l'un des promoteurs d'un courant "néo-hispanique", en réaction frontale au néoclassicisme français régnant sans partage sur l'architecture portègne de l'époque.

C'est en 1920 qu'il construit ce petit "palacio", dans un style inspiré de l'architecture andalouse (mâtinée d’influence péruvienne et arabe), pour y installer sa famille ainsi que celle de son frère Carlos, intendant de Buenos Aires.

Ils n'occuperont semble-t-il pas très longtemps cette maison, puisque elle est rachetée par la ville en 1936 et transformée en musée dès l'année suivante.

C'est en 1910 qu'Isaac Fernandez Blanco, riche mécène, ouvre au public une partie de sa maison de la calle Irigoyen, afin d'y présenter sa propre collection : ce sera le premier musée privé d'Argentine!

Cette collection s'enrichit au fil des ans de nouveaux achats ainsi que de nombreux dons au point qu'Isaac Fernandez Blanco doive définitivement quitter les lieux en 1920. Sa maison devient alors un musée à part entière avant d'être cédée à la municipalité deux ans plus tard.

En 1947, cette collection est définitivement transférée au Palacio Noel de la calle Suipacha. 

Ce musée nous permet de découvrir une multitude de facettes de l'art colonial (bien souvent religieux) mais aussi de la vie quotidienne des colons jusqu'au tournant du 19e siècle.

Un bien joli musée en somme, un peu hors des circuits touristiques classiques...

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De nombreuses (et réussies) reconstitutions d'intérieurs.

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Magnifique collection de peignes en écailles

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(Museo de Arte hispanoamericano, octobre 2014)

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14/10/2014

MACBA et MAMBA sont sur un bateau...

... et les deux tombent à l'eau !

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(Le MAMBA et le MACBA, Avenida San Juan, Buenos Aires, octobre 2014)

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L'exposition temporaire "El círulo caminaba tranquilo" (au MAMBA) est étonnante, surtout de par son installation : les œuvres sont suspendues à une cimaise qui cours en courbe au plafond, dans une grande pièce aux arrêtes invisibles. Le dos de ces tableaux flottants sont blancs, ce qui ajoute à ce sentiment de perte de repères, et où le visiteur devient une partie de ce tout...

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Cela fait deux ans que j'hésitais à pousser les portes d'un musée que j'avais remarqué à moins de 200 mètres de la Plaza Dorrego, haut lieu du tourisme portègne, tout en bas de la Calle Defensa à San Telmo.

Deux ans, car les musées de Buenos Aires réservant parfois quelques surprises, on n'est jamais vraiment pressé !

Je fut d’abord étonné de découvrir qu'il s'agissait en fait de deux musées côte-à-côte : le MAMBA et le MACBA ; un musée d'art moderne accolé a un musée d'art contemporain : il avait déjà comme un loup !

Ayant poussé les "deux" portes", je sais à présent que l'un des deux musées, le MAMBA (Musée d'Art Moderne de la ville de Buenos Aires) est géré par la municipalité et présente, entre autres, une petite collection permanente , et l'autre, le MACBA (Musée d'Art Contemporain de Buenos Aires) n'est, en définitive, qu'un lieu d’exposition qui fonctionne avec des fonds privés, et où se succèdent des artistes invités.

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(MAMBA, octobre 2014)

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Emporté par la créativité ambiante, j'ai réalisé cette (très intéressante :)  photo de l'escalier de service !

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Autant vous le dire tout de suite, je n'ai pas été transporté par ce que j'ai découvert, même si le MAMBA tire son épingle du jeux grâce à son exposition temporaire "El círulo caminaba tranquilo", plus d'ailleurs pour la mise en scène des œuvres présentées que par ces dernières...

Au MACBA, pour le double du prix du musée voisin, il fallait se contenter de trois vidéo-installations "muy especiales", chacune sur un niveau, et au dernier étage d'une trentaine d’œuvres du franco-chilien Contreras-Burnet.

J'étais d'autant plus déconcerté que leur site internet respectif n’étant pas vraiment très clairs, ils vous laissent imaginer (comme ici au MACBA), une conséquente collection permanente...

Pour faire bref, je vous conseille donc de ne vous y rendre (cela vaut pour les deux musées) uniquement si une exposition temporaire vous a explicitement été recommandée.

Au milieu de l'été, si la température devient étouffante, ce peut toutefois devenir une judicieuse destination  : vous serez au frais, au calme et dans un large espace, peu indisposé que vous serez par les trois ou quatre autres visiteurs...

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Au MACBA : l'expo Contreras-Burnet, ainsi que l'une des trois vidéo-instalations de l'Israélien Gilad Ratman.

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(MAMBA et MACBA, Buenos Aires, octobre 2014)