07/03/2015
Le Passage de Drake
Albatros hurleur
Le Plancius quitte le port d'Ushuaïa
(Canal de Beagle, février 2015)
Les premières heures dans le Canal de Beagle sont consacrées à la découverte du navire, l'installation dans les cabines, ainsi qu'à une batterie d’exercices de sécurité...
Si tout allait vraiment très mal (syndrome Titanic), deux "embarcations de sauvetage" totalement insubmersibles sont en mesure d'accueillir l'ensemble des passagers.
En route pour le Drake et l'Antactique !
A la grande surprise de tous les spécialistes de la faune polaire à bord, nous croisons sur notre chemin un groupe de dauphins "aptère austral" (Lissodelphis peronii). C'est l'une des deux seules espèces (dans la famille "dephinidae" qui en compte 32) à ne pas posséder de nageoires dorsales !
(Février 2015)
Mis à part de très rares (et tout aussi riches) visiteurs qui se font déposer en avion directement sur le continent antarctique, les touristes "classiques" doivent en passer par le Drake, un cauchemar pour de nombreux navigateurs !
Ce détroit, qui reste le plus court chemin pour aller du Cap Horn jusqu'aux premières îles de la péninsule antarctique (les Shetland du sud), a tout de même près de 900 km de large! Il nous faudra deux jours et demi pour le traverser, et autant pour le retour...
A mi-chemin, nous rencontrons la "convergence antarctique", une bande de mer longue d'environ cinquante kilomètres où les eaux "chaudes" des océans Pacifique et Atlantique rencontrent celles plus froides de l'Océan Austral : en moins de deux heures, la température extérieure baisse de quelques degrés !
Le passage du Drake, à cause de ces courants qui peuvent parfois être violents, reste une source d'appréhension pour tous les marins qui s'y collent, même si on peut également le traverser de manière euphorique (jour 1 dans notre cas), assez calme (jour 2), ou plutôt secouée (jours 8 et 9, au retour!).
Mais ce détroit sait aussi parfois être beaucoup moins sympathique, ce que nous n'auront heureusement pas l'opportunité de tester.
Sir Francis Drake, à qui l'on a donné le nom du détroit, effectue la deuxième circumnavigation de la Terre entre 1577 et 1580.
En 1578, à la sortie du Détroit de Magellan, sa flotte est prise dans une terrible tempête qui déporte les navires beaucoup plus au sud. Il reste cependant peu probable que Drake ait atteint le Cap Horn, et encore moins le détroit qui porte aujourd'hui son nom !
Au cours de cette première journée dans le Drake, on est plus près de "la croisière s'amuse" que de "tempête en haute mer" ! On en profite pour admirer le vol majestueux des albatros, qu'ils soient royaux, géants, hurleurs, ou à sourcils noirs....
Les albatros sont des animaux extraordinaires, en plus d'être les plus grands oiseaux du monde (jusqu'à 3,60 m d’envergure !). Excellent voiliers, ils passent 90% de leur temps en mer (En 2004, une étude a montré qu'un spécimen a parcouru 22 500 kilomètres en 45 jours sans se reposer une seule fois !). L'albatros est également un oiseau fidèle qui reste en couple parfois toute sa vie d'adulte, c'est à dire durant plus de 50 ans (le plus vieil albatros bagué a 70 ans!).
Malheureusement, à cause d'un taux de reproduction très faible et de menaces de plus en plus présentes (introduction par l'homme de prédateurs sur les îles de reproduction, pêche à la palangre, pollutions diverses -surtout le plastique-), de nombreuses espèces d'albatros sont aujourd'hui menacées d'extinction.
Albatros à sourcils noirs
(Le Drake, Février 2015)
Le deuxième jour de la traversée du Drake est déjà nettement moins "bleu". On découvre les damiers du Cap et nos premières baleines...
... en l’occurrence des rorquals communs qui viennent jouer pendant une dizaine de minutes à l’étrave du bateau. Il s’agit de la deuxième plus grosse baleine au monde après la baleine bleue : plus de 20 m de long et quelques 40 à 50 tonnes.
Trois très courtes vidéos en cadeau ! Je les ai prises au retour : elle vous donneront une petite idée de la mer "houleuse" (1), la même + le poste de pilotage (2), ou depuis le restaurant situé pourtant bien haut! (3).
22:37 Publié dans Antarctique, En dehors de l'Argentine, Ushuaïa, Voyages | Lien permanent | Commentaires (0)
05/03/2015
L'Antarctique, petit point histoire-géo (désolé, mais j'peux pas m'empêcher :)
Je vais tenter dans ce post de résumer rapidement ce qu’est l’Antarctique car, il faut bien l’avouer, les cartes peuvent parfois prêter à confusion (comme par exemple ci-dessus, où le continent antarctique semble s’étendre sur plus de 20 000 km !).
D’abord évacuons la différence entre l'Arctique (au nord) et l'Antarctique (au sud) qui n’ont de commun que leur superficie (environ 14 000 000 km² chacun), les rudes conditions climatiques qui y règnent et donc leur très faible population.
L’Arctique est, pour faire bref, une immense banquise (de 1,5 à 4 mètres d'épaisseur) qui flotte sur l’Océan Arctique.
Une partie de cette banquise est pérenne, c’est-à-dire qu’elle ne fond jamais ; son épaisseur est de 3 à 4 mètres. Tout autour existe une banquise saisonnière, qui fond l’été puis se reconstitue en hiver et dont l’épaisseur (qui baisse d’année en année) est comprise entre 1,50 et 2,50 mètres.
Les territoires en bordure de cet océan (c’est-à-dire se situant à l’intérieur -ou à proximité- des limites du cercle polaire) font également partie de ce que l’on dénomme généralement l’Arctique. Il s’agit de l’Islande, du Groenland et des parties les plus au nord de la Norvège, de la Suède, de la Finlande, de la Russie, du Canada et de l’Alaska (USA).
L’antarctique est , pour faire aussi bref, un continent recouvert d’une calotte de glace de 1 600 mètres d’épaisseur (en moyenne) et qui est cerné par l’Océan Austral.
C’est ce que l’on appelle un Islandis : une calotte polaire (qui peut atteindre ici jusqu’à 4 000 mètres d’épaisseur et qui repose sur un substrat rocheux (avec ses chaînes montagneuses, ses vallées, etc…)
Le continent antarctique regroupe environ 90% de la glace terrestre et près de 70% de l’eau douce de la planète. Si toute cette glace venait à fondre, le niveau des mers s’élèverait de 60 mètres !
Si on retourne un globe terrestre, l’Antarctique paraît bien loin de tout ; seul le sud de la Patagonie se trouve à moins de 2 000 kilomètres du continent blanc.
C’est l’endroit le plus froid de la terre (beaucoup moins le long des côtes), et on y relève régulièrement des températures à moins de 80°.
Peu de touristes ont l’occasion d’atteindre le cercle polaire antarctique. La plupart des "expéditions" se contentent de visiter l’extrémité de la péninsule en poussant au mieux jusqu'à la base Ukrainienne Vernadsky qui se trouve tout de même encore à plus de 2 800 kilomètres du pôle sud!
Voici justement le chemin qu’a parcouru notre bateau, le Plancius, entre le 6 et le 10 février dernier, à la pointe de la péninsule.
L’histoire de l’Antarctique est assez courte : après une vaine recherche par de nombreux navigateurs entre le 16 et le 18e siècle, il faudra attendre 1820 pour que le continent soit vraiment « découvert » et 1821 pour qu’un homme y pose le pied pour la première fois (même si la date de cet épisode est contesté).
Il se passe alors quelques années, surtout propices au chasseurs de phoques et de baleines, avant que des explorateurs et des scientifiques décident d’aller plus avant. L'impulsion sera donné par le français Dumont d’Urville en 1840, rapidement suivi par les américains puis les britanniques.
L’âge d’or (dit « héroïque ») de cette exploration se situe en entre 1895 et 1922, avec bien entendu la folle envie d’atteindre le pôle.
Le belge De Gerlache réalisera un premier hivernage complet en 1898, à bord du Belgica. Un de ses hommes à bord, le fameux norvégien Roald Admunsen, reviendra là quinze ans plus tard et sera le premier homme à rallier le pôle (en traîneau, le 14 décembre 1911).
La population de l’Antarctique se limite bien évidemment qu’aux seuls résidents de la cinquantaine de bases scientifiques (appartenant à une trentaine de pays) principalement construites le long des côtes.
Le nombre de ces résidents varie entre 5 000 en « été » et moins de 1 000 en hiver, quand le personnel est drastiquement réduit ou certaines bases tout simplement fermées.
La plus grande est la base américaine McMurdo (1000 personnes en été et 200 en hiver) et la plus petite est sans nul doute l’ancienne base militaire (puis scientifique) britannique de Port Lockroy, aujourd’hui transformée en musée / magasin de souvenir / bureau de poste et qui héberge 3 personnes en été afin de recevoir les touristes et oblitérer leurs cartes postales...
Pour terminer, l’Antarctique, malgré les vaines revendications territoriales de quelques pays, est protégé depuis 1959 par un traité reconnu par une cinquantaine d’état et qui stipule qu’il « continuera à être employé exclusivement à des fins pacifiques », chaque nation pouvant implanter une station où que ce soit sur le continent.
Les bases militaires, les essais nucléaires, les dépôts de produit toxiques, etc… y sont bien entendu totalement prohibés.
23:45 Publié dans Antarctique, En dehors de l'Argentine, Voyages | Lien permanent | Commentaires (2)
04/03/2015
La Centolla, mets de choix de la Terre de Feu
Centolla au naturel, à la table de l'excellent restaurant d'Ushuaia "Chez Manu"
Centolla au paprika et pommes noisettes
Avant que nous passions à la suite du voyage, un petit tour à table !
Car je me dois d'évoquer ici, brièvement, la principale spécialité culinaire d'Ushuaïa ; enfin "culinaire" c'est un bien grand mot puisque la centolla (prononcer "cènntocha" en argentin) est le plus souvent servie froide avec un peu de mayonaise ou de sauce cocktail (oui, celle avec du ketchup !).
On trouve ce crustacé (qui n'est pas un crabe à proprement parler), de son vrai nom latin "lithodes santolla", sous différentes appellations : crabe royal de Patagonie, du Sud ou bien encore de l’Antarctique.
Ici comme au Chili, c'est tout simplement "centolla".
Sa chair rappelle celle de l'araignée de mer que nous connaissons en Europe. On la consomme "au naturel", mais également diversement cuisinée : au parmesan, au paprika, en gratin, en ravioles, consommé, etc...
Comme de nombreux autres produits gastronomiques argentins, la centolla ne dépasse que très rarement les frontières de sa région de production, ou c'est alors pour s'envoler, surgelé ou en conserve, vers de plus lointains horizons (essentiellement les États-Unis dans ce cas).
On ne trouve donc pratiquement jamais de Centolla à Buenos Aires, ce qui explique que j'en ai un peu abusé lors de mon séjour, malgré son prix assez élevé (on n'en trouve jamais à moins de 220 pesos -20 euros- la portion).
Petit hic : Même si l'on voit ici et là quelques beaux spécimens en aquarium afin d'attirer le chaland, il est fort a parier que la grande majorité des restaurants d’Ushuaïa ne sert uniquement que de la centolla surgelée, et je n'en ai pour ma part pas vue une seule servie dans sa carapace ; il s'agit aussi parfois de "centollón", une espèce beaucoup plus petite mais au goût similaire...
Au Naturel
Avec des poireaux, en gratin...
12:14 Publié dans Cuisine et gastronomie, La Patagonie, Ushuaïa | Lien permanent | Commentaires (0)
03/03/2015
Autour d'Ushuaïa : les lagos Escondido et Fagnano
Terrasse au bord de l'eau, au bout du monde...
(Février 2015)
Les lupins, fleurs emblématiques de la Terre de Feu...
Le Lago Escondido depuis le Paso Garibaldi. Sans avoir soudoyé mon guide, il a pourtant accepté que je fasse seul à pied cette descente jusqu'au bord du lac...
Feuillage très reconnaissable d'un représentant du genre nothofagus, dont les différentes espèces recouvrent presque l'ensemble de la Terre de Feu...
Le Lago Escondido
La plupart des visiteurs qui passent quelques jours en Terre de Feu seront avant tout séduits par l'une des nombreuses croisières sur le Canal Beagle (pour ma part, en partance pour l'Antarctique, je n'en ai pas spécialement ressenti le besoin). Puis leur attention se reportera ensuite invariablement sur une virée dans le Parc National.
Ceux qui auront encore du temps auront alors le choix entre quelques excursions "terrestres", dont celle qui mène à l'Estancia Harberton (et l'Ile Martillo et ses manchots) ; ou bien alors un peu plus au nord, vers les lacs Escondido et Faragno et la petite ville de Tolhuin.
J'ai opté quand à moi pour une excursion en 4X4.... dont je ne dirais pas beaucoup de bien.
Le seul "intérêt" de la chose étant d'emprunter une piste (en fait, l'ancienne nationale N°3) exactement en parallèle de la nouvelle qui est, elle, bien entendu, asphaltée !
Vingt kilomètres après avoir quitté la ville, premier arrêt dans un chenil où hurlent des chiens de traîneau aux yeux bleus. Passionnant. Après trente nouveaux kilomètres (dont une partie sur la fameuse piste), c'est le second arrêt, Paso Garibaldi. De là on découvre une très jolie vue sur le lac Escondido que l'on profite de partager avec les occupants des onze autres tout-terrain garés là.
Puis tous les véhicules descendent au bord du lac, à la queue leu-leu.
J'obtiens de mon guide qu'il m'oublie un peu et m'autorise à faire ces trois kilomètres à pied, au grand étonnement de mes compagnons d'un jour, apparemment moins téméraires.
La promenade est assez sympa, mais moins que le ciel qui reste lui très couvert....
Après un arrêt au bord du lac (près de maisons au bord de la ruine), encore une petite vingtaine de kilomètres pour atteindre cette fois le Lago Faragno (100km de long et 7 de large, dont un petit bout se trouve en territoire chilien), de nouveau au milieu de bicoques un peu déglinguées.
Voilà, la visite est terminée et on reprend la route (asphaltée cette fois, bien entendu : pas de temps à perdre!) pour retourner à quelques centaines de mètres de notre premier arrêt du jour (si! là où hurlaient les huskys!), mais cette fois pour déguster un très correct assado (là, c'est pas un joke!) dans une assez jolie cabane (ça aussi c'est plutôt vrai!) un peu en contrebas de la route : il faut bien justifier les 1100 pesos (112 euros ou 80 euros au blue) que m'a couté cette inénarrable ballade !
Peut-être deviens-je associable avec le temps (mais non je rigole!), mais je vous conseille tout de même, dans la mesure du possible, et surtout si vous êtes à plusieurs, de louer une voiture (un truc avec quatre roues, un truc normal quoi !), grâce auquel vous verrez cent fois plus de chose, et à votre rythme..., quitte à vous contenter d'un sandwich pour le déjeuner !
Si vous êtes seul, comme moi, il vous faudra sans doute composer avec ces tellement sympathiques agences !
Le Cytarria, un champignon parasite mais comestible
Le lac Fagnano
(Février 2015)
Les tourbières comme celles-ci sont très nombreuses en Terre de Feu...
(Février 2015)
00:26 Publié dans La Patagonie, Périples argentins, Ushuaïa | Lien permanent | Commentaires (0)