Le Palacio San Martin, ex-Palacio Anchorena
05/12/2015
Le Palais Anchorena, racheté par l’État, devient en 1936 le siège du Ministère des Relations Extérieures et du Culte ; c'est à cette date qu'il est rebaptisé Palacio San Martin.
L'imposant porche d'entrée sur la Calle Arenales, fait face à la verdoyante Plaza San Martin.
On comprend rapidement, sur ce plan, le souhait de la commanditaire, Mercedes Castellanos de Anchorena, que soit créé trois espaces de vie indépendants distribués autour d'un large patio d'honneur.
Depuis le magnifique patio d'honneur de forme ovale, sans aucun doute la plus belle réussite de l'architecte, on accède à la galerie couverte et aux pièces de réceptions ; le deuxième étage accueille les parties privatives et le troisième, le personnel.
En ces années 1910, l'Argentine vit son âge d'or.
Depuis 1869 et la très controversée "Conquête du Désert", les surfaces cultivables ont été multipliées par 250 ! Les grandes familles aristocratiques, pour la plupart propriétaires terriens, se sont incroyablement enrichies. De magnifiques palais sont en construction à Retiro, Recoleta et Palermo : les Palacios Paz, Bosh (actuelle Résidence des États-Unis), Errazuriz (le musée des arts décoratifs), Ortiz Basualdo (l'Ambassade de France) et Anchorena, entre autres.... Ils seront tous inaugurés entre 1914 et 1924...
Puis viendra la dépression de 1929 et la crise économique argentine des années 30. Le 6 septembre 1930 le général Uriburu renverse le gouvernement constitutionnel, initiant alors une série de coups d'État et de gouvernements militaires qui se prolongera jusqu'en 1983...
Toutes ces familles qui ne peuvent plus mener grand train et qui n'auront vécues (en moyenne) qu'une vingtaine d'année dans leur somptueuse demeure se verront contraintes de les céder ; soit à l'état (Anchorena en 1936, Errazuriz en 1937, Paz en 38) ou à des ambassades étrangères (Bosh en 1929 et Ortiz Basualdo en 1939).
Mais revenons à notre Palacio Anchorena...
Mercedes Castellanos de Anchorena, héritière de l'une des familles les plus riches et plus puissante d'Argentine a déjà 65 ans quand elle soumet à un jeune architecte en vogue, Alejandro Christophersen, d'origine suédoise, son projet de future demeure ; elle souhaite s'y installer avec deux de ses fils (et leur famille), ainsi qu'avec la veuve d'un troisième et demande à cette effet un plan de trois habitations indépendantes mais reliées entre-elles.
Las, la construction de l'imposant édifice accuse du retard et n'est malheureusement pas achevé pour les fêtes du centenaire de la Révolution du 8 mai 1810. Qu'à cela ne tienne, c'est à l'occasion d'un autre centenaire, celui de l'Indépendance du 9 juillet 1816, que sera donné au palais sa fête la plus mémorable.
Mercedes a 76 ans et s'éteindra quatre ans plus tard...
Comme l'ensemble des palais de style "beaux-art" (néoclassicisme coloré d'éclectisme) édifiés à Buenos Aires durant cette décennie (et bien sûr largement inspiré par l'architecture française et par la "Ville Lumière"), tous les matériaux se doivent de provenir directement d’Europe, comme les marbres d'Italie ou les parquets de Slovénie...
En 1936, l’État argentin rachète la demeure qui devient le siège du Ministère des Relations Extérieures et du Culte. Il devient le "Palacio San Martin", du nom du généralissime "libertador", héros des indépendances sud-américaines.
Depuis 1999, et l’inauguration (juste de l'autre côté de la rue) d'un building en verre qui accueille les différents services du ministère, le palais est surtout maintenant utilisé à des fins d'apparat.
C'est à l'occasion d'une réception donnée l'an passé pour le lancement de l'exposition qui relatait le voyage de De Gaulle en 1964 (un périple qui avait conduit le Général durant trois semaines à travers 10 pays d'Amérique latine), que j'ai pu découvrir une partie de l'intérieur du palais...
En haut des marches du patio d'honneur trône un buste de San Martin.
A gauche, l'immeuble tout de verre vêtu qui accueille les services du ministère.
Vu que je travaille juste à côté (et cela depuis maintenant trois ans), j'ai dû passer des centaines de fois devant la palais ; je reste pourtant encore à chaque fois impressionné, plus d'ailleurs par la puissance et la richesse que dégage l'édifice plutôt que par son élégance ; et il m'est toujours aussi difficile de réaliser que cette "masse" architectonique n'a finalement été construite, il y a juste 100 ans, que pour accueillir une dizaine de locataires ! (hors le petit personnel, bien sûr).
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