Dans les allées du Cimetière de Recoleta...
04/11/2012
Des anges passent, d'autres se reposent...
(Buenos Aires, octobre 2012)
L'Eglise Notre-Dame du Pilar, construite en 1732
En 1715, en lieu et place de l'actuel cimetière, se trouvaient ici le couvent des moines franciscains de l'ordre des Recollets. De leur passage il ne reste plus aujourd'hui que la belle église Notre-Dame du Pilar (construite en 1732) ainsi que le nom d'usage que prendra naturellement le quartier, puis à son tour le cimetière, quand il sera édifié, à partir de 1822, sur les terres reprises à l'Eglise.
La Recoleta restera pendant cinquante ans l'unique lieu d'inhumation de Buenos aires. En 1871, face à la terrible épidémie de fièvre jaune, la municipalité (par peur, mais également par manque de place) s'empressa de construire un nouveau cimetière, celui de Chacarita, six kilomètres plus à l'Ouest...
Ca fait drôle la première fois, ... après on s'habitue !
(Buenos Aires, octobre 2012)
Les plans du cimetière de Recoleta furent dessinés par le Français Prosper Catelin
A Recoleta, nombres de cercueils sont présentés tels quels sur les étagères des chapelles...
"Reposez en paix", un dernier message avant d'entrer... définitivement !
On compare bien souvent le Cimetière de Recoleta avec celui du Père-Lachaise de Paris. Je vous accorde qu'ils ont bien, en effet, des points communs, à commencer par la présence de nombreuses tombes, ce qui est bien le moins dans un endroit pareil ! Il y ensuite qu'il est situé en plein centre ville, qu'il est bondé de "nationaux" célèbres, et que son architecture nous raconte avec panache (et force détails) tous les styles en vigueur au 19ème siècle et au début du 20ème.
Pour les comparaisons, ça s'arrête là...
Car pour commencer, il est plutôt petit : il tient dans un quadrilatère d'environ 220m de côté, soit moins de 5 hectares. Le Père-Lachaise, avec ses 44 hectares, est donc pratiquement 10 fois plus grand !
Ensuite, il manque cruellement de "verdure" : on y trouve une cinquantaine d'arbres à tout casser, contre 5300 recensés au Père-Lachaise ; c'est donc là cent fois moins ! Ce qui explique sans doute d'ailleurs pourquoi j'ai moyennement apprécié, dès les premières minutes, d'y flâner, ressentant ici la même impression d'étouffement que dans certains quartiers du centre ville. Cette impression étant confortée par le plan au carré du cimetière, mais surtout par ces caveaux joints les uns aux autres et d'une hauteur parfois trois fois plus importante que la largeur des allées...
Il y a enfin qu'il est peuplé d'inconnus. Non là je plaisante bien sûr ! Des d'inconnus pour un touriste étranger de passage s'entend ! A déambuler entre les tombes, j'ai une fois encore l'impression de me retrouver en ville : je découvre enfin que derrière tous les noms de rues que je quadrille depuis maintenant deux mois se cache un homme public, et bien souvent un politique ou un militaire ! Tous les anciens Présidents de la Nation Argentine semblent s'y être donner rendez-vous, sauf le dernier (le mari de notre Christina nationale, qui repose lui dans sa ville natale de Rio Gallegos en Patagonie) !
Il n'y a en fait à Recoleta qu'une sépulture de rang "international" : celle d'Eva Peron (Evita !). C'est la seule à attirer la totalité des touristes qui passent sous le portique d'entrée, et qui sont généralement plutôt déçus, quand ils parviennent enfin à dénicher le caveau, de découvrir que ce dernier est familial et somme toute assez banal !
L'unique signalétique qui existe nous indique le chemin qui mène au mausolée dressé à l'intention du septième Président de la Nation, Domingo Sarmiento (1811-1888). Il n'en mérite peux être pas tant, à lire en quels délicieux termes il évoquait, par exemple, ses chers indigénes:
« Parviendrons-nous à exterminer les Indiens ? J’éprouve pour les sauvages d’Amérique une invincible répugnance, sans pouvoir y remédier. Cette canaille n’est autre chose que quelques Indiens répugnants que je donnerais l’ordre de pendre s’ils réapparaissaient aujourd’hui. Lautaro et Caupolicán sont des Indiens pouilleux, car ils le sont tous. Incapables de progrès, leur extermination est providentielle et utile, sublime et grande. Il y a lieu de les exterminer, sans pardonner même au petit, lequel possède déjà la haine instinctive contre l’homme civilisé. »
Un ange, vous dis-je...
L'entrée du caveau de la famille Duarte, où repose Evita
On trouve parfois des "choses" très éloignées de l'académisme ambiant !
Le Mausolée du Président Domingo Sarmiento
Une "gothique" avant l'heure...
En prenant un peu de hauteur...
(Buenos Aires, octobre 2012)
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