Le Palacio Paz
30/04/2015
La façade, sur la Plaza San Martin, et la monumentale entrée du Palacio Paz
L'escalier de marbre et de bronze mène au vestibule d'honneur
Une sculpture en marbre de Carrare du Français Raoul-François Larche, "La Vendange" (placée aujourd'hui sous l'escalier qui mène aux étages), accueillait le visiteur.
Depuis que le palais est le siège du Cercle militaire, elle a été remplacée par un portrait ainsi par une réplique du sabre du Général San Martin...
(Palacio Paz, Avril 2015)
Le vestibule dessert sur la droite le long couloir renaissance qui mène à la grande salle d'honneur, et sur la gauche l'enfilade de salons qui donnent sur la Place San Martin, à commencer par l'antichambre...
La salle de bal, grande de près de 150m², est inspirée de la galerie des glaces de Versailles et recouverte de boiseries aux motifs dorés à la feuille d'or. Une estrade accueillait les musiciens qui faisaient danser les invités au son des dernières musiques à la mode. Tout ici respire le luxe aristocratique, des sols superbement marquetés jusqu'au lustres en bronze et cristal de Baccarat.
C'est à José Camilo Paz, riche propriétaire terrien (descendant d'une des plus anciennes familles du temps de la conquête espagnole), journaliste (fondateur en 1869 du journal La Prensa, le quotidien le plus important d'Argentine jusque dans les années 1940), homme politique (qui visait certainement la plus haute charge du pays) et diplomate (il fut ambassadeur à Paris de 1885 à 1893), que l'on doit la construction de ce qui fut (et sans doute reste) la plus grande résidence privée d'Argentine.
Avec 12 000², 140 pièces (et 7 ascenseurs), son grand jardin d'hiver, ses écuries, son garage, etc.., José Camilo avait vu grand, et cela juste pour y loger sa petite famille! (bon, d'accord! il y avait aussi les 70 à 80 employés de maison nécessaire pour faire fonctionner et reluire le tout!)
C'est lors d'un voyage à Paris en 1900 qu'il charge l'architecte Louis-Marie Henri Sortais de lui dessiner les plans de son futur palais. fasciné par la culture française, il ne recule devant aucune dépense pour recréer à Buenos Aires son rêve d'excellence. La plupart des matériaux (boiseries, parquets, ferronneries, bronzes, lustres, mobilier, sculptures, etc...) proviendront directement de France (mais aussi d'Italie pour les marbres) où ils seront préalablement taillés, ciselés, sculptés, fondus, avant de traverser l'Atlantique pour être y être réassemblés...
La construction dura douze longues années, de 1902 à 1914 et ni l’architecte (mort en 1911) ni José Camilo Paz (mort en 1912) ne découvriront le projet terminé ! Ce sont sa femme et ses deux enfants qui hériteront du palais et y vivront jusqu'en 1938.
La crise de 29 étant passée par là, la famille Gainza Paz n'est plus vraiment en mesure de conserver ce joyau, véritable gouffre financier. Il est alors mis en vente, et c'est l’État argentin qui s'en porte acquéreur la même année. Il y installera le Cercle militaire, la Bibliothèque Nationale militaire et le musée des armes.
Parallèlement aux boiseries blanc et or de la salle de bal s'étire le long corridor de style renaissance français. Les tons rouge sombre des damassés en soie répondent au mobilier de noyer finement sculpté et patiné par le temps.
On fini vite par s'habituer, au cours de la visite, à ces changement stylistiques parfois déconcertants mais néanmoins habituels dans ce type de palais construits en Argentine en ce début de 20e siècle!
A la gauche du corridor la salle-à-manger principale, toujours de style renaissance français.
La pièce majeure de cette salle-à-manger est sans nul doute l'imposante cheminée d'où se détachent, à la mode des cariatides, les figures de Diane et de Jupiter. Tout comme pour le corridor, c'est un ébéniste français, Perchaux, qui a réalisé en France l'ensemble de ces fines sculptures.
Nous retraversons le corridor renaissance français pour découvrir le salon de musique (qui jouxte en fait la salle de bal) dont la principale qualité réside en son extraordinaire acoustique. Pour ce faire, l'architecte a limité les accès (jusqu'à créer de fausse portes) et réduit ceux existants à leur plus simple expression, de quoi juste permettre aux invités de passer ! Il a ensuite recouvert l'ensemble des murs de boiseries, idéales pour réverbérer le son. Il a enfin banni tout les angles droits de la pièce et même le plafond est légèrement bombé...
On accède, depuis le salon de musique, à la salle "des dames" où se réunissaient généralement, comme son nom l'indique, les invitées de la veuve de M.Paz. On remarquera dans cette pièce plus "féminine" le tympan des portes décorés de délicates peintures à l'huile.
(Palacio Paz, Avril 2015)
La seconde salle-à-manger (placée près d'une bibliothèque et donc prévu à l'origine pour être un bureau) nous offre un bel exemple du fameux style éclectique : médiéval, gothique, renaissance, tout se mélange un peu, jusqu'au très beaux vitraux plutôt Art-nouveau des portes coulissantes !
Jusque là, je me disais que ce palais ressemblait, somme toute, à quelques autres déjà visité ; jusqu'à ce que je découvre le dernier salon de la visite (on pourrait même dire le clou de la visite!) : le grand salon d'honneur !
La coupole, doublée à l'extérieur, offre en fait un éclairage tout électrique, indispensable vu les proportions de la pièce !
Alors que cette salle n'est en définitive "que" le salon d'honneur d'un (riche) hôtel particulier, on l'imaginerait plutôt sortie des rêves d'un prince ou d'un roi mégalomane. Tout n'est ici que marbre et or, dans une palette qui défie l'imagination ; C'est certainement la plus impressionnante (ubuesque?) salle de réception de toute l'Argentine !
Là aussi le style est baroque, rococo, Louis XIV (les colonnes et les pilastres notamment), éclectique, indéfinissable en fait !
Avec 16 mètres de diamètre et une coupole (Art-nouveau, mais avec l'emblème du Roi Soleil en son centre!) qui culmine à 21 mètres, c'est peu dire que l'on se sent tout petit dans ce grand salon tout rond.
(Palacio Paz, Avril 2015)
Une superbe mosaïque de marbres italiens recouvre le sol
Une des portes du grand hall donne directement sur la cour intérieur du palais
Un étonnant marbre "rayé" donne l'impression que des tentures encadrent les portes !
La grande salle d'honneur donne sur la cour du Palais dont les façades paraissent d'un coup plutôt sobres et classiques.
José Camilo Paz avait souhaité construire une résidence, certes luxueuse mais néanmoins résolument urbaine, où un grand jardin n'avait apparemment pas sa place...
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