Les Ruines de Quilmes
23/12/2013
(Quilmes, octobre 2013)
En parcourant les 5km qui mènent de la Ruta 40 jusqu'au site archéologique, on devine petit à petit la partie de la cité qui part à l'assaut de l'Alto del Rey.
Autant vous l'avouer de suite, la visite de des ruines de l'ancienne cité des Quilmes ne m'a pas laissé pas un souvenir impérissable. Malgré tout, comme c'est en Argentine le seul vestige de cette taille datant de l'époque "précolombienne", il faut savoir s'en contenter...
Sans rentrer dans une polémique "culture" contre "civilisation", disons simplement que si le cône sud du continents fut habité depuis des millénaires par de nombreuses peuplades (Mapuches, Tehuelches, Guaranís et autre Diaguitas ...), aucune d'entre elles n'est parvenue à s’élever au rang de "civilisation", qui se caractérise un ensemble unifié, articulé autour de dispositifs techniques (comme les villes et les routes par exemple), juridiques ou culturels, et généralement gouverné par un état central.
Les principales civilisations sud-américaines furent celles de Caral, Tihuanaku, Chavin ; celles aussi des Nazcas, des Paracas, des Huaris et des Chimús... ; Les Incas arrivent chronologiquement en dernière position : leur immense empire s'étendait, à l'arrivée des conquistadors, de l’Équateur jusqu'au nord de l'Argentine...
(Quilmes, octobre 2013)
Mais revenons à nos Quilmes, une peuplade Diaguitas (ils en partageaient la langue), probablement venu du Chili voisin vers le 9ème siècle. Après s'être fait une place parmi les autres peuples de ces vallées calchaquies, ils arriveront à tenir tête d'abord à l'avancée inca, puis à celle des Espagnols au 16ème siècle.
En 1667, après semble-t-il 130 années d'une farouche résistance, la cité tombe aux mains des colonisateurs ; elle est rasée et les 2600 (?) survivants sont déportés (à pied) jusqu'aux rives du Rio de La Plata, à plus de 1300 kilomètres de là ; on estime aujourd'hui à seulement 400 le nombre de rescapés qui survécurent à cette marche inhumaine...
Le site fut "redécouvert" à la fin du 19ème siècle, et les premières restaurations commencèrent à la fin des années 70.
Quilmes et les terres qui l'entourent sont depuis des années au centre de revendications indigènes qui dénoncent leur spoliation pure et simple et souhaitent récupérer leur bien. Au milieu de cet imbroglio juridique, les restaurations semblent avoir été effectuées un peu à la va-vite, plus dans un but touristique (avec des retombées sonnantes et trébuchantes) que dans une démarche éminemment scientifique.
Seule une partie des trente hectares de la ville est aujourd’hui dégagée. La reconstitution des soubassements nous offre un étonnant "plan au sol" de la cité, même s'il est assez difficile de s'imaginer à quoi elle pouvait vraiment ressembler : les ressources pédagogiques (musée, dépliants, guides certifiés, etc...) et les recherches sont malheureusement réduites aujourd'hui à peau de chagrin...
Du bois de cactus, comme celui qui devait probablement servir à recouvrir les habitations...
(Quilmes, octobre 2013)
De part et d'autre de la cité, deux miradors sont positionnés sur des éperons rocheux. Ils offrent une vue imprenable à des kilomètres à la ronde : les Quilmes avait largement le temps de voir arriver leurs ennemis, puis de se réfugier dans les parties hautes de la ville...
Quand on prononce le mot "Quilmes" en Argentine, on pense bien sûr avant tout à la bière nationale. Cette dernière doit son nom à la ville où elle fut elle fut brassée pour la première fois en 1888.
La Quilmes, au même titre que la Budweiser, la Leffe, la Corona ou la Hoegaarden fait partie aujourd'hui du premier groupe brassicole du monde : Anheuser-Busch InBev.
Mais quel est donc le rapport avec nos indiens ? Eh bien la bière Quilmes est encore aujourd'hui brassée à Quilmes (à 20 km au sud de Buenos Aires), ville dans laquelle furent déportés au 17ème siècle les derniers indiens survivants du peuple... Quilmes !
A de nombreux endroit du site, on trouve ces mortiers qui servaient à l'ensemble de la communauté.
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