Casabindo, le 15 août : Vierge, Pachamama et "toreo de la vincha"
07/09/2013
(Casabindo, 15 août 2013)
L'église de l'Assomption de Casabindo compte quelques "angeles arcabuceros" de l'école de Cuzco, les seuls existant en Argentine, avec ceux de l'église d'Uquia.
(Casabindo, 15 août 2013)
Dans un mélange de rituel païen et religieux, on retrouve à l'église, ainsi que dans la procession, ces quartiers d'agneau fraîchement équarris !
Parmi les costumes traditionnels, ces atours en plume de suri, un cousin du ñandú
Un officiant, portant un masque de taureau, attaque (symboliquement) la foule afin qu'elle laisse passer la procession.
A peine discernable sur la photo, l'erke, un instrument traditionnel de la région (sorte de corne) qui peut mesurer jusqu'à 5 mètres de long !
Pour être franc, je vous avoue que je ne sais toujours pas laquelle d'entre-elles est la "Virgen de Casabindo" !
Chaque 15 août, un petit village perdu au fin fond de la Puna, à 50 km de piste d'Abra Pampa (et non 120 comme il est trop souvent écrit !), devient l'épicentre de la province de Jujuy.
Ce jour-là, des centaines de voitures convergent vers Casabindo dont l'église, inversement proportionnelle au nombre d'habitants du "pueblito" (moins de 200 âmes), est souvent surnommée "la cathédrale de la Puna" !
Casabindo se trouve sur l'antique chemin de l'inca (celui "de la montagne", qui menait, sur près de 5000 kilomètres de Quito (en Équateur) jusqu'à Mendoza). Le village "espagnol" date du début du 16ème siècle (1535 ?) et l'actuelle église de l'Assomption de 1722...
Les célébrations du 15 août à Casabindo s'articulent, pour faire court, en trois temps . D'abord les messes, bien sûr, qui commencent dès la veille au soir ; ensuite la procession, qui promène la Sainte (accompagnée d'autres saints patrons ou reliquaires d'alentours) à travers le petit village, le tout avec moult danses, chants et musique ; enfin, pour finir la journée, vient la partie sans doute la plus prisée par les touristes qui affluent chaque année de plus en plus nombreux : "el toréo de la vincha", l'unique manifestation taurine en Argentine.
Âmes sensibles, rassurez vous : il n'y a pas de mise à mort ! Les valeureux toreros d'un jour se contenteront (ce qui n'est déjà pas rien) d'essayer d'attraper le bandeau orné de vieilles pièces d'argent (la "vincha) qui se trouve entre les cornes des taureaux, afin d'aller le déposer au pied de la sainte patronne du Village.
Après une journée de folie, au son des fanfares, des pétards et des cris des aficionados, étourdis par les danses et les mouvement de la foule, par toutes ces couleurs bigarrées, enivrées d'effluves d'humitas et autres tamales, les visiteurs quittent peu à peu la village...
Une longue file de voiture se reforme sur la piste, dans un nuage de poussière visible à des kilomètres à la ronde, laissant Casabindo retomber dans une quasi léthargie pour une nouvelle année...
(Casabindo, 15 août 2013)
Entre la procession et "el toreo", ont lieu de nombreuses "interventions" : on profite du phénomène "Casabindo" : musiciens régionaux, messages politiques subliminaux, poèmes d'enfant du village, le tout est proposé un peu en vrac...
Les taureaux sont prêts ; place à la démonstration !
Des tribunes ont été dressées sur deux côtés de "l'arène".
Sur les deux autres, les aficionados sont simplement perchés sur les murs...
Pour être franc, il faut admettre que les toreros sont, ce jour là, tout aussi amateurs que les taureaux !
Pour ce qui est du premier taurin a entrer dans "l'arène", c'était plutôt le toréro qui lui courrait après, espérant le pousser à l'offensive !
Une fois bien énervé, le taureau est enfin entré dans son rôle...
La tradition "del toreo de la vincha" remonte au 18ème siècle. Elle perpétue l'histoire (ou la légende) de Quipildor, un indien qui se serait soulevé contre les Espagnols. Ces derniers, pour le punir, décidèrent de le faire mettre en pièce, au milieu de la place et devant tout le village, par deux taureaux aguerris.
Devant l'inhabituelle apathie des bestiaux, les espagnols placèrent alors entre les cornes d'un des animaux le bandeau de l'indien aux couleurs de son clan.
Par fierté, et bravant le danger, Quipildor réussit toutefois à récupérer sa "vincha"; mortellement blessé, il se traîna néanmoins jusqu'à l'église où, tout en demandant le pardon pour ces bourreaux avant de mourir, il déposa le bandeau au pied de la Sainte Vierge.
(Casabindo, 15 août 2013)
(Casabindo, 15 août 2013)
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